Carte scolaire : le sacrifice des maires ruraux
EDUCATION. Les classes menacées de l’école Jean-Duvet (Langres) et Jean-Breton (Saints-Geosmes) ont finalement été sauvées à l’issue du Conseil départemental de l’Education nationale, grâce au sacrifice des maires de Jorquenay et de Bannes, qui acceptent la fin de leurs écoles.
Le Conseil départemental de l’Education nationale (CDEN) a donc rendu son verdict, jeudi 15 février au soir (lire également en pages Actu). Menacées de perdre un poste, et par conséquent une classe, les écoles Jean-Duvet (Langres) et Jean-Breton (Saints-Geosmes) conservent finalement l’ensemble de leurs éléments. De quoi avoir le sourire pour les élus et les parents d’élèves, qui se sont mobilisés tout au long de la semaine pour protester contre des mesures qui auraient, pour le moins, surchargé les classes et abouti à un amoindrissement des équipes enseignantes.
« Nous sommes très heureux », a réagi, auprès de jhm quotidien, Amélie Marion, présidente de l’association des parents d’élèves de l’école saints-geosmoise. « C’est un grand soulagement pour les enfants et pour les instits, qui vont pouvoir continuer à travailler dans de bonnes conditions. Je vais partir — puisque ma fille est en CM2 et va donc aller au collège à compter de septembre — en sachant que l’école restera avec ses moyens ». Maire de Saints-Geosmes, Jacky Maugras affichait, dès jeudi soir, sa satisfaction.
Même tonalité pour le maire de Langres, Anne Cardinal, qui était allée manifester, en début de semaine, aux côtés des parents d’élèves de l’école Jean-Duvet. « Je salue la décision du CDEN. Cela va permettre aux enfants de bénéficier de conditions d’enseignement propices à leur apprentissage et répondant aux valeurs de l’école de la République. Je pense particulièrement aux parents des enfants scolarisés dans la classe ULIS, qui s’inquiétaient légitimement du futur suivi de leurs enfants et de leur intégration dans les autres classes », a indiqué Anne Cardinal.
La douloureuse décision de Fabrice Maréchal
Cette heureuse issue pour Langres et Saints-Geosmes n’est, cependant, pas le fruit du hasard. Comme nous l’avions indiqué dans notre édition de jeudi 15 février, des tractations étaient en cours pour reporter les suppressions de poste sur les écoles de Jorquenay et de Bannes, composées de classes uniques. Il faut, en effet, l’accord du maire pour la disparition pure et simple d’une école. Henri Linarès, premier magistrat de Hûmes-Jorquenay, avait déjà fait savoir à Michel Fonné, Directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen), son acceptation. Fabrice Maréchal, son homologue de Bannes, réservait sa réponse, dans l’attente d’ultimes consultations avec les familles, pour connaître le nombre exact de probables inscrits pour la prochaine année scolaire.
Il a finalement fait savoir, jeudi, qu’il consentait à la fermeture, sauvant ainsi la classe de Saints-Geosmes. « L’école de Bannes ferme à la rentrée », confirme Fabrice Maréchal. « Beaucoup disent que c’est la suite logique des choses… Je suis déçu, c’est un crève-cœur de fermer mon école ». S’il a fait le choix du territoire, le maire de Bannes a toutefois le sentiment d’une absence d’anticipation et d’un manque de considération complet pour les villages, au profit des centralités : « Je n’avais vu personne jusque-là, ni de l’Education nationale ni du Grand Langres ». Dans un registre similaire, Anne Cardinal appelle d’ailleurs à « un travail de prévention et d’alerte pour que nos enfants ne soient pas obligés de subir des choix comptables ».
N. C.
Fayl-Billot rit, Bourbonne pleure
Le CDEN de jeudi a fait une troisième école heureuse dans le Sud-haut-marnais, celle de Fayl-Billot, qui conserve finalement sa classe menacée, à la plus grande satisfaction d’Eric Darbot, président de la communauté de communes des Savoir-Faire (CCSF). Comme jhm quotidien l’avait déjà indiqué, ce sauvetage a pu être réalisé grâce au sacrifice du village d’Heuilley-le-Grand, le maire Michel Gérard acceptant la fermeture de son école, où seulement cinq élèves étaient pressentis à la prochaine rentrée. En revanche, la suppression d’une classe d’élémentaire à Bourbonne-les-Bains est maintenue, en dépit du projet de sectorisation scolaire projeté pour 2029 par la CCSF, qui prévoit le maintien d’une dizaine d’écoles, et de ne surtout pas toucher aux bourgs-centres et aux deux communes qui bénéficieront prochainement d’un nouveau pôle scolaire. « On souhaite donc que la classe de Bourbonne soit maintenue », indique Eric Darbot. Les parents d’élèves bourbonnais manifesteront jeudi 22 février, entre midi et 14 h, pour protester contre cette décision du CDEN.
Une ouverture à Prauthoy, une classe en moins à Longeau et Vaux-sous-Aubigny
Du côté de la communauté de communes Auberive-Vingeanne-Montsaugeonnais (CCAVM), le verdict final du CDEN apparaît, là aussi, comme contrasté. Si une classe ouvrira bel et bien, comme espéré, à Prauthoy, les écoles de Longeau et de Vaux-sous-Aubigny se voient, en revanche, retirer un poste. Et perdront donc une classe lors de la rentrée de septembre prochain. A l’inverse de ce qui a pu se passer au Grand Langres et aux Savoir-Faire, où des villages à écoles à classe unique à très faibles effectifs ont accepté le sacrifice, aucun accord n’a pu être trouvé entre élus. L’école de Cusey était notamment, comme l’an dernier, dans le viseur mais sera, en conséquence, maintenue. Les parents d’élèves de l’école de Longeau ont prévu une manifestation de protestation, ce samedi 17 février, à 13 h 30, pour exiger le maintien de la classe supprimée.