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Le désir de légende

Sans en avoir vraiment conscience, nous vivons avec le désir « d’être une histoire » et quand nous racontons un fragment de « notre » histoire, nous nous voyons déjà comme un personnage. L’histoire que nous relatons se présente comme une seconde vie, comme le retour, grâce à des mots, de ce qui a été vécu. « Ma vie est un film », « ma vie est un livre »… Le récit que nous construisons adopte un temps singulier : le passé-présent. Ainsi peut-il continuer à s’inventer de lui-même au hasard des situations tout en ne cessant jamais d’épouser le passé. Et l’histoire, en se transformant, se fait alors légende.     

« La maison se trouvait dans un coin de rue, à l’angle formé entre le pas encore et le déjà plus. Lorsqu’on montait les marches du perron, on sentait déjà qu’on était en train de passer de l’autre côté du miroir de la réalité.  Et à propos de miroir, il y en avait un de forme ovale qui restait accroché à un mur. Autour de lui, s’envolaient sans bouger des petits oisillons rouges en papier. Le reflet du visage de celui qui pénétrait montrait des rides internes, des rires anciens, de pleurs de l’avenir. Une vielle maie cachait le souffle des ancêtres. Des soupirs se dégageaient des tiroirs cachés. On revisitait éternellement, de façon concomitante toutes les naissances, les mariages et les décès qui avaient eu lieu dans la demeure depuis la nuit des temps.  Dans la cheminée, des bûches éternelles brûlaient et dans leurs flammes, des corps des femmes dansaient au rythme du chant continuel de la rivière. Le silence était tenace et rempli de voix disparues. Tout semblait fixé dans un temps qui ne passait pas. Un jour, le cadran de l’horloge de l’église s’étant décroché, la partie qui correspondait au chiffre romain VII a été désignée pour venir s’installer dans le salon. Mise à l’envers, au-dessus de la porte qui s’ouvrait sur le bureau, la plaque émaillée n’est pas restée sans produire ses effets. Si avant son arrivée, le temps était fixé, sans mouvement, depuis qu’elle a pris place, une nouvelle ère s’est inaugurée.  Le constat a pu se faire sur le vieil homme qui habitait toujours le lieu. Fatigué d’exister, il se coucha sur un canapé afin de se livrer à une sieste éternelle. Peu à peu, ses cheveux blancs sont redevenus roux, sa peau ridée s’est lissée, son ventre s’est aplati, ses jambes et ses bras se sont raccourcis, sa corpulence d’adulte s’est progressivement transformée, il redevint un enfant, puis un fœtus et au bout d’un moment on trouva à sa place l’utérus de sa mère en pleine contraction, il s’enflait et se dégonflait, il battait comme un cœur qui bat en l’honneur de l’immortalité ».

Henri-Pierre Jeudy et Maria-Claudia Galera

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