Héroïne et cocaïne étaient livrées à Chaumont, Nogent et Thivet
Chargées à Nancy, cocaïne et héroïne étaient livrées à Chaumont, Nogent et Thivet. Démantelé suite à un contrôle de police inopiné opéré le lundi 5 février 2024, à Saint-Dizier, le trafic était géré depuis sa cellule par un trafiquant au surnom bien choisi, « Piranha ».
Une belle affaire ! Le dossier a pour origine un contrôle opéré à Saint-Dizier, lundi 5 février 2024, à 22 h 25, rue Paul-Cézanne, par les fonctionnaires de la Brigade anticriminalité (Bac). Deux hommes patientent aux abords d’une Mercedes Classe A immatriculée au Luxembourg. Les policiers mettront la main sur 330 g d’héroïne et 50 g de cocaïne dans le véhicule.
De rapides et efficientes investigations donneront à l’affaire une dimension toute particulière. Propriétaire du véhicule ayant interpellé l’attention des policiers, Yanis Khatir est en relation avec Allison Hamen, mère de famille résidant, depuis quelques mois, à proximité du parking où ont été cocaïne et héroïne, un stock d’une valeur marchande, au détail, de 12 000 euros. Cette femme sera interpellée le mercredi 7 février 2024.
Investigations et déclarations mettront rapidement au jour un trafic organisé depuis le centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville par un homme répondant au surnom de « Piranha ». Un mystérieux individu, non indentifié à ce jour, un détenu en relation, depuis sa cellule, via l’application Snapchat avec Yanis Kahtir, jeune « flambeur » ayant brièvement rêvé d’une carrière de footballeur professionnel et Allison Hamen, fragile mère de famille dont le compagnon est actuellement incarcéré. De nationalité française, résidant au Luxembourg, un temps établi à Dubaï, Yanis Khatir, âgé de 22 ans, a multiplié les trajets, « 36 depuis mai 2023 », en direction de Meurthe-et-Moselle, Marne et Haute-Marne. « Je savais que je transportais des stups, tout était chargé à Nancy par des inconnus, je ne connaissais pas les quantités, Piranha pilotait tout depuis la prison ». Yanis Khatir et Allisson Hamen prenaient ensuite la direction de Chaumont, Nogent où Thivet où la drogue était livrée. La petite entreprise attisa manifestement la convoitise. Allison Hamen se serait ainsi fait voler une importante quantité de stupéfiants, le vendredi 2 février, à Nogent, où la mère de famille avait pour habitude de séjourner quelques jours afin d’écouler son stock. La situation de cette femme interpelle. Informée des activités de sa mère comme en témoigne une sidérante audition, sa fille, âgée de 12 ans, patientait seule, à Saint-Dizier, dans l’attente du retour de sa mère. Misère, misère…
Gros bras
Suite à ce vol, « Piranha » aura missionné Fabrice Imbert, surnommé « La bête », un gros bras sorti de prison de prison le 30 janvier 2024, afin de sécuriser les livraisons de stupéfiants. Interpellé avec Yanis Khatir le 5 février 2024 au soir, Fabrice Imbert, condamné à 28 reprises à Avignon, Ajaccio, Alès, Privas, Nîmes, Agen, Nancy ou Epinal pour vol, trafic de stupéfiants ou évasion, n’aura pas tardé à récidiver. « Je sortais de prison, j’avais besoin d’argent… » L’implication du « garde du corps » aura été brève, forcément, comme le rappela Me Grosjean, « avant, monsieur était en prison ». Me Aïdan pointa quant à lui la fragilité d’une mère de famille « prise au piège » tout en nuançant le portrait de Yanis Kahtir dressé par madame le procureur Bulle. « Ce “Piranha” s’adresse à des personnes d’une certaine naïveté voire d’une fragilité certaine, madame Hamen a le profil idéal (…) Monsieur Kahtir serait l’homme de confiance de ce fameux “Piranha” ? (…) Ce jeune homme avait un rôle limité, un rôle de chauffeur ».
Décisions ? Quatre ans de prison dont deux avec sursis pour Yanis Khatir, avec maintien en détention, peine complétée des interdictions d’une durée de cinq ans de quitter le territoire national et de séjourner en Haute-Marne, d’une amende de 5 000 euros et de la confiscation du véhicule utilisé par le condamné ; dix mois de prison pour Fabrice Imbert, « sans aménagement », peine complétée d’une interdiction de séjour en Haute-Marne d’une durée de cinq ans ; deux ans de prison dont 20 mois assortis d’un sursis probatoire pour Allison Hamen. Appelée à respecter des obligations de soins et de travail ou de formation et visée par une révocation à hauteur de six mois d’une peine avec sursis prononcée en mai 2019, la mère de famille profitera, hors avis contraire du Juge d’application des peines (JAP), d’une mesure de Détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).
T. Bo.