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Sans le filet des céréales, Gilles Durand s'en tire avec un petit Smic

Sans le filet des céréales, Gilles Durand s’en tire avec un petit Smic

Sans le filet des céréales, Gilles Durand s'en tire avec un petit Smic
Gilles Durand est seul à la tête d’un lot de 400 brebis (©JHM).

C’est la tradition à la Confédération paysanne : alors que les esprits s’échauffent autour du Salon de l’Agriculture, ce syndicat-là préfère mettre sur pied des « Journées salon à la ferme ». Samedi 10 février, rendez-vous était donné chez Gilles Durand, à Champcourt.

« J’attaque la septième année et je gagne un petit Smic… en travaillant 70 heures par semaine ». Gilles Durand est arrivé en Haute-Marne en 2009. La moitié de sa famille en est originaire. Jusqu’alors, il vivait avec l’autre moitié, dans le Larzac. Si son installation dans le domaine de son grand-père d' »ici » a été une entreprise laborieuse, il en est venu à bout. Depuis 2016, il exploite le domaine de Saint-Bon, à Champcourt. Ne redescend quasiment jamais dans son autre patrie : « c’est très difficile de se libérer… ». Forcément, Gilles a « 400 mères avec 100 agnelles de renouvellement ». Le produit des vingt hectares de culture qu’il exploite dans le même temps va pour moitié au troupeau, qu’il nourrit. En clair, le paysan ne peut pas compter sur le filet des céréales. « Le mouton fait environ 90% de mon revenu ». Pour l’heure, il est impossible de faire de la découpe et de la mise sous vide. Il faut attendre que le nouvel abattoir soit créé. L’éleveur pourra alors « faire un peu de vente directe ». Gilles répartit les mises bas dans l’année : une en août, une autre en novembre et une troisième en février ou mars, « de sorte de n’avoir jamais plus de 200 brebis à l’agnelage ». Calcul qui correspond au calendrier des consommateurs – saison des grillades, Noël, et Pâques.

Sans le filet des céréales, Gilles Durand s'en tire avec un petit Smic
Gilles Durand accueille les visiteurs dehors et dedans sa ferme (©JHM).

Religion du terrain

« On préfère ouvrir les fermes qu’aller au Salon de l’Agriculture ». Pour la Confédération paysanne, à la grand-messe parisienne, « tout est policé, la réalité d’une ferme, c’est différent ». Le secrétaire général du syndicat départemental Hippolyte Babouillard et son porte-parole Yoann Laurent rappellent que ces « Journées salon à la ferme » sont déjà une tradition de plus de 20 ans. Samedi 10 février, non seulement le choix de la ferme Saint-Bon démontre qu’ « en démarrant avec peu, on arrive à gagner à peu près sa vie », mais il permet aussi de visiter « des moutons » cette fois, et d’évoquer la question de la transmission des exploitations. Or, chez Gilles Durand, il suffit de voir pour constater que « le bien-être animal » est archi-respecté. Au passage, Hyppolite Babouillard glisse que que c’est « un projet de société » que « la Conf’ » défend. Qu’il est également « respectueux des consommateurs ». Qui ne lui donnent pas au demeurant le sentiment de « se rebeller », ni même de « bouger », quand « au niveau phytosanitaire, on fait marche arrière » – allusion aux « concessions obtenues » très récemment « par d’autres (syndicats) ». A titre personnel, il « n’y aurait pas cru », il juge la fin de l’histoire « assez navrante ». Ouvrir les portes de la ferme Saint-Bon permet bien dans le même temps de continuer à croire qu’un autre chemin paysan est possible.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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