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Entre ciel et terre

Le poste de garde repose en fait sur trois hautes consoles à ressauts successifs.

Les murs ont la parole. On parle souvent en évoquant les remparts de Langres, de ses tours d’artillerie majestueuses, de ses portes fortifiées ou de ses bastions. Mais il est également des constructions modestes qui se rencontrent au fil du chemin de ronde… Partons à l’arrière de la cathédrale découvrir l’une d’entre elles…

En chemin sur le rempart Est, à hauteur de l’école du Sacré cœur, ouvrez l’œil… Avez-vous déjà remarqué cette petite construction qui semble s’agripper au parapet ? A Langres, de nombreux ouvrages défensifs ont traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous… Si modeste soit-elle, celle dont nous parlons n’est pas dénuée d’intérêt. Il s’agit du corps de garde dit « de l’évêché ». Côté chemin de ronde, il se présente comme une petite maison, joliment construite en pierre de taille de grand appareil et couverte d’ardoises. Il est doté de trois baies carrées ouvrant sur les côtés extérieurs. Son originalité vient de sa face tournée vers la vallée, avec une conception en encorbellement, c’est à dire qu’il dépasse du mur du rempart, il est « en saillie ». Mais comment tient-il ? Penchez-vous et regardez… Il repose en fait sur trois hautes consoles à ressauts successifs, ce qui lui donne un air de famille avec l’octroi de la Porte de l’Hôtel de Ville. Son histoire nous est connue grâce à sa commande établie par l’administration municipale. Elle nous renseigne sur sa date de construction : 1633,  « au lieu où était la prison, derrière la maison épiscopale ». « Il est effectivement bâti non loin de l’emplacement où s’élevait la tour carrée médiévale servant de prison et qui communiquait avec le palais épiscopal (aujourd’hui Ecole du Sacré cœur) par une galerie. Cette tour a été démolie après une longue bataille juridique entre la chambre de Ville et l’évêque.

Une pause au chaud… Jusqu’à la Révolution, la surveillance des remparts était assurée par les habitants. Chaque langrois enrôlé au sein de milices de quartier assurait une garde quotidienne. Équipé à l’origine d’une cheminée, le corps de garde offrait au guet un abri chauffé durant sa ronde. Sa forme en encorbellement permettait de surveiller la base et les accès immédiats, grâce à des vues plongeantes. Il palliait ainsi à l’absence d’ouvrages plus conséquents dans cette partie de l’enceinte. Aujourd’hui, il est le dernier témoin de ces ouvrages défensifs mineurs disparus lors de la restauration de l’enceinte par le Génie au milieu du 19e siècle. De son observatoire, la vue balaie un beau panorama, de la vallée de la Marne, aux anciennes frontières du royaume… 

De notre correspondante Angélique Roze

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