Centre de supervision urbain : la plaque tournante de la vidéo
Vendredi 9 février, une visite du discret Centre de supervision urbain, installé dans les locaux de la police municipale, était organisée par les élus. L’occasion de mieux comprendre le fonctionnement de la vidéoprotection et son utilité pour le territoire.
En matière de sécurité, Quentin Brière ne veut pas rigoler, et le mot d’ordre est très clair : « J’en fais ma priorité ». La visite du très confidentiel Centre de supervision urbain intercommunal (CSUi), vendredi 9 février, était l’occasion de le rappeler. C’est dans les locaux de la police municipale bragarde, à deux pas de l’hôtel de ville, que se situe la plaque tournante de la vidéoprotection sur le territoire. L’immersion s’inscrivait dans le cadre du premier mois anniversaire de l’armement de la police municipale (lire l’encadré).
« Nous avons 71 caméras installées aujourd’hui en zone police (Saint-Dizier, Bettancourt, Villiers-en-Lieu et Chancenay), dont 17 l’ont été durant l’année 2023 », chiffre le maire de Saint-Dizier. Sachant que « six autres sont en cours d’installation », ajoute Yannick Aubertin, responsable de la police municipale bragarde. Le coût d’une nouvelle caméra est chiffré à 10 000 €. Aujourd’hui, le modèle de type « dôme », capable de filmer à 360°C, est le plus répandu.
Cellule
Parmi les seize membres qui composent la police municipale bragarde depuis le 1er janvier 2024, « deux sont dédiés à plein temps au CSU », détaille Yannick Aubertin. En cette matinée là, Laurent et Sébastien, sont derrière leur ordinateur, aux aguets. En toile de fond, une mosaïque de neuf écrans couvre la quasi-totalité d’un mur de la structure.
Sur chaque écran, quatre images diffusent ce qui se passe dans divers lieux de la ville. Rue Gambetta, place Aristide-Briand, Centre socioculturel, parc du Deauville, les Halles, les stades de foot, le nord du Vert-Bois, quai Lamartine… En sachant que les fenêtres et autres éléments de bâtiments privés sont floutés. « Toutes ces images que nous visualisons en temps réel sont enregistrées dans le même temps. Les données sont conservées pendant quinze jours, c’est pour ça qu’il faut porter plainte rapidement », insiste Yannick Aubertin. Cette matinée là, à l’écran, on pouvait y voir par exemple une camionnette en stationnement gênant, prise « en flagrant délit » par les policiers municipaux. Globalement, le visionnage en temps réel est utile pour régler « les incivilités du quotidien », estime Rachel Blanc, première adjointe.
Collaboration
Mais la mission du binôme de la fonction publique ne se résume pas seulement au direct. Comme l’admet Quentin Brière, « c’est compliqué d’avoir l’œil sur 71 caméras et autant d’écrans en même temps ». Dès lors, une grosse partie du travail de Laurent et Sébastien est liée à de la réquisition. Explications avec Yannick Aubertin : « Lorsque la police nationale monte un dossier, il y a parfois besoin d’étoffer le travail d’enquête par des images ».
Une police nationale qui possède également un CSU, mais dit « miroir » : « Ils peuvent visualiser l’ensemble du dispositif de vidéosurveillance, mais ils ne peuvent pas exploiter les images d’eux-mêmes ». D’où la nécessité de collaborer, ce qui a déjà porté ses fruits : les acteurs présents expliquaient le rôle des images pour la résolution du meurtre du jeune (27 novembre 2023) ou le démantèlement d’un point de deal place du Petit-Bourg (fin janvier 2024). Suite à quoi, pour cette dernière affaire, « les peines ont été plus lourdes que d’habitude », ajoutait le premier magistrat.
Ce dernier ne compte d’ailleurs pas en rester là : « J’assume l’armement des policiers municipaux et le déploiement de plus de caméras de surveillance. Les crimes et délits sont en baisse, de 2 500 par an il y a dix ans à 1 200 aujourd’hui (en zone police), mais on ne peut pas se satisfaire de ça. Les incivilités et le sentiment d’insécurité ne se chiffrent pas. Ce n’est pas le Far West, mais il faut faire plus. »
Louis Vanthournout
Plus de poids pour la municipale
Après deux années de réflexion, la police municipale de Saint-Dizier a pris plus de coffre au 1er janvier 2024. Ils sont désormais seize, « dix agents territoriaux, deux encadrants, deux personnes pour administratif et les deux membres du CSU », détaille Yannick Aubertin. Leur amplitude horaire a également été augmentée, de 7 h à 19 h (en période hivernale) – 20 h aux beaux jours – y compris le samedi, pour plus de présence (notamment lors des journées de flux) et de proximité. Enfin, les policiers municipaux bénéficient désormais d’un armement de catégorie B : « Des outils de protection et de dissuasion nécessaires », commente le responsable de la police municipale. Les agents concernés ont été formés en amont et recevront d’autres formations régulièrement.
D’après Yannick Aubertin, l’armement laisse plutôt indifférent pour le moment : « Il n’y a pas eu de levée de boucliers, les réactions des citoyens sont sans plus ». Avec une bonne nouvelle : « Nous n’avons pas eu besoin de nous en servir depuis le 1er janvier. Et ce sera une satisfaction si nous ne les utilisons jamais. »