Eruptions, amour et autres cataclysmes… en Islande
« Vivre en Islande, dans la région de Reykjavik, c’est vivre sur un volcan ». Sigridur Hagalin Bjornsdottir dont c’est le troisième roman, est aussi journaliste de la télévision publique islandaise à Reykjavik. Elle vit donc dans cette région qu’on appelle “le cœur de feu de l’Islande”.
Or, depuis août 2022 la péninsule de Reykjanes, au sud de la capitale, épargnée depuis longtemps par les éruptions, a vu une reprise d’activité qui pourrait durer plusieurs dizaines d’années. C’est ce contexte qui a servi de prétexte à sa nouvelle fiction, roman paru aux éditions Gaia.
Reykjavik, de nos jours : Tous les signes annonciateurs d’une nouvelle vague éruptive sont réunis et Anna Arnadottir, volcanologue expérimentée, l’étudie avec son équipe pour prévoir son évolution et prévenir ses effets. Pourtant rien ne se déroule comme prévu, les données scientifiques n’ont pas été assez performantes, l’éruption gagne les alentours de la capitale, la panique monte, l’irrationnel l’emporte… L’irrationnel gagne aussi les passions amoureuses, tout aussi imprévisibles et violentes que les éruptions volcaniques. Anna Arnadottir, mariée, mère de famille, passionnée par son métier, heureuse en ménage, rencontre un journaliste, Tomas, qui va l’entraîner dans un tourbillon émotionnel.
Un roman original qui parvient habilement à traiter en parallèle un documentaire scientifique, pédagogique, détaillé, sur le système volcanique islandais, son fonctionnement, son histoire, et une fiction qui met en scène une éruption des émotions aussi soudaine et catastrophique que l’éruption volcanique. L’auteure sait mettre l’accent sur la difficulté des décisions à prendre dans les moments critiques : faut-il faire évacuer la population, déclarer l’état d’urgence au risque d’affoler inutilement la population et de faire fuir les touristes si importants pour l’économie islandaise ? Les points de vue des politiques, des économistes, s’affrontent à ceux des volcanologues pendant que la presse est à l’affût du détail sensationnel qui plaira au lecteur. Et pendant ce temps « nuées de cendres, vapeurs délétères, magma brûlant » gagnent du terrain en suivant un parcours difficile à anticiper…
Signalons que, peu après la parution de ce roman, une éruption a provoqué dans cette même région une fissure d’où a jailli la lave, un mur de feu de quatre kilomètres de long dont les images ont été largement diffusées. Mais là, heureusement, les dispositifs de précaution avaient pu être appliqués et la population évacuée à temps.
De notre correspondante Françoise Ramillon