Accident mortel dans le labo de Bure, l’heure est au procès
Le 26 janvier 2016, un ouvrier qui travaillait au creusement d’une nouvelle galerie du laboratoire souterrain de l’Andra, à Bure, était victime d’un éboulement mortel. Huit ans après cet accident, son employeur et le maître d’œuvre comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc.
Les consignes de sécurité ont-elles été respectées ? Le 26 janvier 2016, une galerie en cours de creusement dans le laboratoire souterrain de l’Andra, à Bure (où est étudiée la faisabilité du projet Cigéo), s’effondrait, tuant un ouvrier de la société Eiffage. Huit ans plus tard, l’entreprise et le maître d’œuvre du chantier, Antea France, comparaissaient en début de semaine devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc, pour homicide involontaire par manquement aux règles de sécurité.
Des boulons trop courts comme cause de l’accident ?
Ce jour-là, David Viarre s’affairait à une opération de boulonnage, lorsque le front de taille s’est effondré. Si le respect des règles par l’ouvrier n’est pas en cause, la sécurité de l’opération en cours est bien, elle, au cœur du dossier. Et plus précisément les boulons et le béton projeté.
Pour le Ministère public, les choses sont simples : « La sécurisation du chantier était insuffisante », a martelé le substitut du Procureur, cité par nos confrères de l’Est Républicain. L’entreprise aurait dû, selon lui, mieux prévenir le risque d’accident, en utilisant des boulons de 12 mètres de long au lieu de ceux de 6 mètres mis en place. Le béton projeté aurait également été appliqué trop tard, laissant la roche à nu trop longtemps.
Décision le 4 avril
Des arguments repris par l’avocat des parties civiles, qui a d’ailleurs mis en avant « le changement de process, après l’accident, avec l’utilisation systématique de boulons de 12 mètres et l’interdiction d’aller sur le front de taille avant la projection du béton ». Les avocats de la défense, de leur côté, ont argué que l’accident aurait pu se produire même avec ces précautions. « La sécurité sur le chantier est respectée, même si c’est un chantier à risque », ont-ils plaidé, après que le substitut du Procureur a requis 30 000 euros d’amende pour chacune des deux entreprises. Le jugement a été mis en délibéré. La décision sera rendue le 4 avril.
P.-J. P.