Le retour – l’édito de Patrice Chabanet
A voir son visage avant d’entrer dans la salle du tribunal, ce n’était pas gagné d’avance. A l’énoncé du jugement, François Bayrou a pu souffler : la relaxe mettait fin à sept ans d’interrogations et de doute. Un doute dont il a finalement bénéficié, selon les propres termes du président de la 11e chambre correctionnelle de Paris.
Neutralisé de fait par la justice, le président du MoDem voit donc son espace politique s’élargir. Il n’entend plus rester dans le périmètre étroit de conseiller du Prince. Il fera entendre sa voix lors des prochaines européennes pour une raison toute simple : l’Europe, c’est sa marque de fabrique et celle de son parti.
Au-delà, il y a la présidentielle. C’est loin et proche à la fois. Certains candidats potentiels restent silencieux quant à leurs intentions. D’autres commencent à abattre leur carte, comme vient de le faire Xavier Bertrand. Pour sa part, François Bayrou entretient une subtile incertitude. Il ne dit pas s’il s’engagera dans la bataille. Il ne l’exclut pas non plus.
Ce dont on peut être sûr dès maintenant, c’est que libéré du lest judiciaire il fera entendre sa voix après le camouflet subi par le MoDem dans la composition du gouvernement Attal : un seul ministre, Marc Fesneau, aux couleurs du parti centriste. Penser qu’il pourrait finalement être retenu parmi la quinzaine de membres pour compléter l’équipe gouvernementale aurait quelque chose d’incongru. François Bayrou ne s’imagine pas devenir ministre délégué ou secrétaire d’Etat. Ou passer de la première division à la seconde.