De Chaumont à la tête de la presse nationale au Parisien
Médias. Olivier Auguste a grandi à Chaumont et est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint au Parisien – Aujourd’hui en France, référent des pages économie et politique. Tour d’horizon de l’apport de la presse locale aux sujets nationaux.
Olivier Auguste est né à Laxou, et a grandi à Chaumont où il obtient son baccalauréat au lycée Bouchardon. Le désir de journalisme s’est imposé chez lui tout gosse, il n’en démordra pas. » Je ne connaissais rien ni personne au sein du métier. Je me suis donc inscrit à Sciences Po Strasbourg, puis en école de journalisme à Lille ». Les écoles permettent les stages, Olivier Auguste s’exerce au Journal de la Haute-Marne et en radio. Il débute véritablement à Europe 1, et au sein de ce qui deviendra BFM business. Toujours en spécialité économie, le chaumontais intègre la rédaction du Figaro douze années durant, où il traite également d’agro-alimentaire, de grande distribution, puis de social, d’emploi ou encore des retraites et des hôpitaux. Rencontré au Figaro, un certain Nicolas Beytout prend le pari un peu fou, au vu du contexte compliqué pour la presse écrite, de créer un nouveau journal national d’information bien nommé « L’opinion ». Conscient qu’il n’aura peut-être pas deux fois l’occasion de participer à la création d’un nouveau journal, Olivier Auguste rejoint l’aventure, qui durera environ une décennie. Puis il rejoint le Parisien il y a un peu plus d’un an.
Le Parisien, toujours dispo au bistrot du coin
« Le Parisien, c’est l’équivalent du JHM Quotidien. L’information locale, mais avec une ouverture nationale, double dimension. On y raconte des histoires. Les faits divers se lisent comme de petits polars, avec du suspens, et des vies derrière. Au-delà de l’info, du scoop, il y a un vrai plaisir de lecture », détaille le rédacteur en chef adjoint. La part du sport se fait belle également, avec des portraits, des reportages en coulisses. Des éditions départementales sont proposées pour toute l’Ile-de-France ainsi que pour l’Oise. « La force du Parisien, c’est un vrai maillage local. Il y a un vrai réseau de correspondants en province, plusieurs dizaines dans les régions. Beaucoup de journalistes ayant intégré le siège du Parisien sont passés par les antennes, et ont conservé les bons réflexes de proximité. C’est une force d’avoir conservé ces capteurs-là ». Les sujets locaux, ruraux, sont nombreux à être le point de départ à une analyse nationale, tels l’école, le pouvoir d’achat, la crise agricole. La quotidienne conférence de rédaction pioche allégrement sur tout le territoire, quitte à être snobée.
Les « émeutes du Nutella »
Olivier Auguste se souvient des échauffourées, des bousculades et autres mouvements de foule occasionnés par une promotion sur les pots de Nutella du 25 au 27 janvier 2018 dans les magasins Intermarché. « L’information est arrivée par la locale de l’Oise. On y a tout de suite vu un symbole précurseur des questions de pouvoir d’achat, de l’inflation post-covid… On a remonté le sujet pour la Une, et on s’est fait prendre de haut par les confrères. C’est dommage ». Au sujet de la récente crise agricole, les équipes d’Olivier Auguste ont dû fournir un traitement parisien concernant les infos purement pratiques concernant les conditions de circulation, mais se sont aussi appliquées à analyser au maximum comment se décompose un prix en supermarché, par exemple. Quelles sont les marges, pour qui, quelle répartition entre producteurs et grande distribution… Tous les reporters de la rédaction étaient mobilisés, entre les analyses de terrain, les éclairages politiques et économiques ».
Elections européennes de juin
Olivier Auguste espère que la grogne des agriculteurs va permettre de reconsidérer l’importance de ces élections souvent boudées par les Français : « En même temps, les politiques eux-mêmes rechignent à ces postes, pourtant clés. C’est souvent des parachutages pour bons services rendus, la planque des anciennes gloires ». Or la dernière crise agricole l’a montré : les normes au niveau européen sont transposées en France. Il ne faut pas bouder l’intérêt d’agir collectivement et participer aux débats. « Pourvu que cette crise rende Bruxelles et Strasbourg moins abstraites, y sont prises quotidiennement des décisions qui impactent nos vies de tous les jours. Il y a de réels enjeux dans ces scrutins ».
Elise Sylvestre