Eco-Hebdo : un autre monde
S’il fallait se convaincre que le monde économique est pris dans un tourbillon, il faudrait seulement jeter un regard sur les tableaux de cotations de Wall Street. Vendredi, Meta (Facebook, WhatsApp et Instagram) a vu son action bondir de 20 %, soit la modique somme de…200 milliards de dollars. Dans le même temps, on apprenait que le géant chinois de l’immobilier, Evergrande, était placé en liquidation judiciaire. Grandeur et décadence du capitalisme du XXIe siècle.
Les spécialistes ne manquent pas d’explications pour ces trajectoires erratiques. La plus plausible est la prise de risques maximale en un minimum de temps. La performance boursière de Meta n’est pas la résultante d’un long processus rationnel. Le groupe a essuyé des revers, notamment en 2022, où s’est carrément posée la question de la survie du groupe.
Il suffit souvent d’un grain de sable pour enrayer la machine. En Chine la frénésie du secteur immobilier a été stoppée net par la soudaineté de la crise financière : moins d’acheteurs solvables alors que les stocks de logements neufs s’empilaient inexorablement. L’État communiste a dû recourir à ses vieilles recettes de l’économie administrée en reprenant la main.
Au-delà de ces évolutions chaotiques se profile l’émergence de monstres économiques. D’où des voix qui s’élèvent pour appeler à leur démantèlement, y compris aux États-Unis. Il y a quelques mois, le géant Google a été attaqué en justice pour position dominante. Il a préféré lâcher 700 millions de dollars au lieu de se laisser enfermer dans de longues procédures. Mais le problème de fond demeure : comment réguler des pratiques dont on peut se demander si elles ne garantissent pas la liberté du renard dans le poulailler ?
Patrice Chabanet