Un nouveau projet éolien divise Genevrières
Genevrières est ceinturé d’une trentaine d’éoliennes sans en percevoir les subsides. Un nouveau projet éolien a été présenté en public ce samedi 3 février où l’acceptabilité d’un nouveau parc éolien a été au cœur des débats.
«Si on doit avoir des nuisances avec la vue, autant que cela rapporte à la commune», nous explique un habitant de Genevrières. Ils sont une trentaine d’habitants réunis dans la salle de la mairie. A la table, le maire Daniel Guerret et les représentants de la société Vélocita Energies. Une société bien connue dans le pays vannier, qui a notamment installé et gère les 17 éoliennes du parc Vannier-Amance. Autour de Genevrières, elles sont 26 machines à tourner et six nouvelles sont en construction.
C’est donc un nouveau projet qui a été présenté aux habitants. Et avec ce préalable lancé par le maire sur les finances communales. Augmenter les impôts, recourir à l’emprunt, ou «trouver un partenaire. C’est ce troisième choix que le conseil municipal à choisi», a expliqué Daniel Guerret. Ce partenaire, c’est donc Vélocita Energies. L’accord du conseil municipal date du 2 décembre 2022.
Le développeur a déjà lancé des études. Depuis août 2023 une étude sur l’écologie est en cours, en janvier 2024 c’est l’étude paysagère. Le projet a déjà reçu un avis favorable de l’armée de l’air, de météo France. L’avis de l’aviation civile est attendu. Un mât de mesure de 100 mètres sera prochainement installé.
Un projet éolien en forêt communale
Ce projet présenté est particulier à bien des niveaux. C’est un parc en forêt que projette de créer le développeur, «à une distance comprise entre 800 m et 1,2 km des premiers habitants», a précisé Frédéric Beltrand de Vélocita Energies. Une particularité qui demande d’avoir des éoliennes plus hautes, jusqu’à 200 m à bout de pale. Vélocita Energies espère installer entre 4 et 5 machines d’une puissance de 5 MW, quand les éoliennes autour de la commune sont de 2,5 MW.
Le projet n’en est qu’à son tout début. Comme ne cessera de le répéter Louise Kariger, chef de projet «rien n’est arrêté». En revanche, cette réunion a présenté des dispositifs d’accompagnement dont le budget sera abondé par 15 000€ par MW installé, soit 300 000 € avec quatre machines installées.
Une centrale photovoltaïque d’auto-consommation a été présentée (lire par ailleurs). «On aurait une première zone de pollution visuelle avec les éoliennes et là cela en ferait deux, c’est quand même beaucoup», a fait remarquer un habitant.
Sur le papier, Vélocita Energies a déployé tout un attirail de mesures, compensations, et autres accompagnements qui sont séduisants en plus de ce projet pour le moins inhabituel de centrale photovoltaïque. La commune pourrait espérer environ 33 000 € par an avec principalement l’IFR (imposition forfaitaire des entreprises de réseaux). La communauté de communes des Savoir-Faire 92 500 €.
«Il n’y a pas que le pognon»
Mais l’acceptabilité de ce nouveau projet a surtout été l’enjeu de cette première réunion publique. On a senti parmi le public présent un certain trop-plein d’éoliennes. «Genevrières à un paysage extraordinaire. Vous allez nous mettre des moulins à vent. Je suis absolument contre, il n’y a pas que le pognon», lancera un autre habitant. «Sur le parc éolien du Pays Vannier il a fallu se battre pour les mesures d’accompagnement», fera remarquer un autre, citant des actions qui n’ont jamais été menées comme la création d’un arboretum ou la plantation de haies.
Il a été question du bruit généré par les machines, de l’impact sur le milan royal, sur la cigogne noire, des risques pour la santé humaine et animale. Et de l’impact sur les paysages d’autant que ce projet sera installé en grande partie en forêt. Des interrogations que l’on retrouve à chaque projet comme également le démantèlement.
Un prestataire viendra à la rencontre des habitants dans le cadre de la concertation pour recueillir des interrogations et mettre en place des «ateliers». Une lettre d’information sera distribuée courant mars. Avec la possibilité que ce projet ne se fasse pas. «Si cela ne se fait pas, on augmentera les impôts», a prévenu le maire, Daniel Guerret.
Ph. L.
Un parc photovoltaïque
L’une des mesures d’accompagnement est pour le moins originale et novatrice. Vélocita Energies a prévu un budget pour ces mesures qui représente 3% de l’investissement. Le développeur a proposé d’installer un parc photovoltaïque “commun” dont la production bénéficierait directement aux habitants, afin «de venir en déduction de ce que vous consommé».
Le parc aurait une puissance maximum de 3 MW et il doit être situé dans un rayon de 20 km, pas plus. Ce projet permettrait alors une économie de 10 centimes par kWh, soit un «gain de 20 à 35 %». Pour une famille avec une facture annuelle de 1 500 €, l’économie serait d’environ 300 €. Chaque habitant devra se déterminer s’il veut faire partie de ce réseau.
Clochemerle
L’opposant le plus virulent au maire est un de ses nouveaux conseillers, Régis Moris, élu il y a quelques mois à la faveur d’une élection complémentaire. Véhément et vindicatif, le conseiller municipal ne mâche pas ses mots pour dénoncer la manière dont a été amené ce projet éolien. Le vote du conseil municipal du 2 décembre 2022 est pour lui symptomatique du problème car, fait-il remarquer, il manquait quatre conseillers sur 11, dont trois n’avaient pas été renouvelés suite à des décès.
Régis Moris estime que «le vote a été tronqué», que la concertation préalable avec la population n’a pas eu lieu. Il a fait montre d’une certaine agressivité à l’encontre du maire, tout en détournant l’objet de la réunion publique sur des problèmes municipaux.