Un thriller historique captivant qui transporte le lecteur dans l’Angleterre victorienne
Avec “Le jardin des énigmes”, son quatrième roman, Antonio Garrido, écrivain espagnol (dont le célèbre “Lecteur de cadavres” a assuré sa renommée internationale) embarque le lecteur à Londres à l’aube de la grande exposition universelle de 1851, phare de la puissance de l’Empire britannique.
Le personnage principal, Rick Hunter, ancien botaniste de la Compagnie des Indes orientales qui assurait le lucratif commerce avec les colonies, est venu à Londres pour « retrouver ceux qui avaient détruit sa vie » ; il parcourt la ville à la recherche d’indices et vit d’expédients. Ses investigations le conduisent à un magasin de fleurs, “Passion d’Orient”, tenu par une veuve Hellen Hartford connue pour son expertise dans le langage des fleurs. Elle est aussi chargée de la décoration des pavillons des territoires d’outre-mer dans l’immense bâtisse de verre posée sur Hyde Park pour abriter une partie des exposants. Elle emmène avec elle Rick Hunter qui lui sert provisoirement de jardinier et de garde du corps dans ces temps incertains. Il y rencontre des personnages qui vont être au cœur de l’intrigue policière : une jeune et jolie mathématicienne prénommée Daphné, un aristocrate affable et philanthrope et un consul d’Allemagne rébarbatif et inquiétant.
Meurtres, disparition, vengeances, mystères, conspirations, les événements se précipitent, tous étrangement en lien avec le Foreign office qui pilote à cette époque la Compagnie des Indes Orientales passée sous le joug de “Sa très glorieuse Majesté”.
Un roman passionnant, tant par l’intrigue bien menée que par l’atmosphère bien rendue. Le lecteur parcourt avec le héros tous les quartiers du Londres De Dickens, ceux mal famés, ses ruelles glauques, ses règlements de compte à coups de poing, de couteaux, de pistolets mais aussi ses beaux quartiers « où vivent les maîtres du monde » derrière leurs magnifiques façades géorgiennes. Le tout dans « un fog épais, grisâtre et nauséabond » qui ouate le remue-ménage incessant des rues.
Mais le grand intérêt de ce livre vient de ce que « tous les événements, les personnages décrits dans ces pages sont tirés de faits réels ». Et l’auteur s’en explique et le détaille dans une note à la fin du livre : Hellen Hartford a bien existé, les messages codés à l’aide des fleurs aussi, pour Daphné et Rick, il s’est inspiré de personnages dont il a seulement changé les noms s’autorisant, écrit-il, « quelques licences romanesques ».
Il reste au lecteur à se laisser porter par cette histoire qui rend hommage aux grands écrivains britanniques, Robert Louis Stevenson, Daniel Defoe, Charles Dickens, Arthur Conan Doyle sous la houlette desquels il se place depuis son enfance et dont il est heureux d’assurer la continuité.
De notre correspondante Françoise Ramillon