Jeux olympiques : la surprise Ahmed Hafnoui, pour la Bragarde Anouchka Martin
Formée au COSD natation, Anouchka Martin, désormais en retraite des bassins, a participé, en 2021, à ses premiers Jeux olympiques, à Tokyo, sur le relais 4 x 100 m nage libre (10e). L’occasion de revenir avec la Bragarde sur son meilleur souvenir lors des JO.
« Quand je pense à un souvenir de mes JO, je pense a une course, le 400 m nage libre messieurs. C’était après mes courses, le deuxième jour ou le troisième. On va voir les finales ce jour-là avec d’autres nageurs de l’équipe de France. Sur cette épreuve, aucun Français ne s’était qualifié en finale. Donc on regarde au début, mais sans y prêter non plus une énorme attention. Il y avait deux favoris, un Américain et un Allemand, sur les lignes 5 et 4. Ils ont l’habitude de partir doucement, donc, à mi-course, ils ne sont pas en tête mais dans le peloton.
Et à la ligne 8, un jeune Tunisien, Ahmed Hafnaoui, qui avait déjà explosé son record personnel, en série, pour rentrer en finale et se retrouve en tête de la course. Forcément, on se dit que c’est la fougue de la jeunesse. Il n’a rien à perdre, car c’est déjà dingue qu’il soit en finale, donc il tente quelque chose. Mais dans les gradins, juste devant nous, on voit son coach (qui parle français) qui l’encourage à y perdre la voix. On le voit dans tous ses états qui regarde tantôt le chrono tantôt son nageur et qui ne tient plus en place. Du coup, on s’intéresse d’un peu plus près à la course et on discute avec le coach. On voit Ahmed continuer à être en tête de la course. Il maintenait un superbe rythme et personne n’arrivait à le remonter. Il ne restait plus qu’un 100 m, un aller-retour.
Là, son coach saute dans tous les sens et sans se concerter, on le suit dans les encouragements. On se met tous debout. On crie, on siffle, on lève les bras. On se donne à fond. Sur le dernier 50 m, on se dit qu’il ne faut pas lâcher et que les deux favoris vont accélérer pour le “finish”. Et là, on voit Ahmed mettre les jambes, faire les battements à fond. Non seulement, il se maintient, mais il accélère ! Là, tout le monde éructe, on donne le maximum de voix qu’on peut pour les dernières secondes. Et le jeune Ahmed, 19 ans, dernier qualifié de la finale, gagne la course et devient champion olympique et pulvérisant encore son record personnel.
Son coach s’effondre en larmes, avec un mélange de surprise et de joie, il peine à y croire et honnêtement, nous aussi. Il a du s’asseoir tellement il était submergé. Il se retourne, les joues humides, pour nous remercier d’avoir encouragé avec lui et, franchement, on était tous extrêmement ému d’avoir vécu une aussi belle course dans un aussi beau contexte. C’est un des plus beaux moments et souvenirs que j’ai des JO. C’est ça la magie des Jeux, je trouve. Des belles courses, des surprises, presque des miracles, de l’entraide entre sportifs, nations et humains tout simplement. »
Propos recueillis par N. C.