Eco-Hebdo : le juste prix
Le revenu des agriculteurs est devenu la question centrale dans la crise actuelle. Or qui dit revenus dit prix. En aval, les consommateurs se rendent bien compte qu’il y a un « lézard ». Comment des fruits achetés quelques centimes au paysan se retrouvent à plusieurs euros chez le distributeur ? On connaît les raisons avancées : le transport, les tris selon les catégories, la conservation, les marges, etc., etc. Cette masse de coûts agit forcément sur le prix final. Mais aussi sur la rétribution due au producteur. En effet, la concurrence acharnée pousse les distributeurs à exiger de ce dernier des prix toujours plus bas. CQFD.
Cette fois-ci, les agriculteurs disent stop, forts du soutien de l’opinion publique. Au-delà des solutions d’urgence, c’est toute la filière agroalimentaire qu’il faudra revoir. Sinon, on est parti pour des crises à répétition qui démarrent dans un coin de France avant de se propager à tout le pays.
Le gouvernement aurait tout intérêt à proposer des solutions viables qui ne fassent pas du paysan le dindon de la farce. Cela passe aussi par une nouvelle pédagogie de la consommation. On ne peut pas prôner d’un côté les prix cassés et de l’autre découvrir des producteurs surexploités. Des pistes existent déjà, avec des systèmes de vente directe. Un phénomène en progression, mais qui reste marginal : pas plus de 5% dans l’agroalimentaire.
Il faut redire enfin que l’inflation constitue un handicap. Nombreux sont les consommateurs à faibles revenus qui recherchent les prix les plus bas. Une pression de fait qui n’arrange pas les paysans, avec des industriels et des distributeurs qui n’entendent pas rogner leurs marges.
Patrice Chabanet