Philippe Hantzberg, l’âme de la Résistance à Châteauvillain
Ingénieur, capitaine de réserve, Philippe Hantzberg s’est impliqué dans la Résistance dès son retour à Châteauvillain en 1941. Il est décédé à Auschwitz à l’âge de 44 ans.
Philippe Hantzberg est né avec le siècle à Corvol-l’Orgueilleux, dans la Nièvre, le 28 février 1900. Exerçant la profession d’agent voyer surnuméraire, il était domicilié avec sa famille à Bar-sur-Seine (Aube), où il a été élève à l’école supérieure primaire, lorsqu’il intègre l’école militaire du génie de Versailles. Nommé sous-lieutenant de réserve en 1921, Hantzberg travaille d’abord dans l’Aube, où il se marie en 1925, à Essoyes, avec Germaine Mangé. C’est en 1931 qu’il s’installe en Haute-Marne, d’abord à Aulnoy-sur-Aube, puis à Braux-le-Chatel, enfin à Châteauvillain en 1938. Il y exerce le métier d’ingénieur du service vicinal.
Philippe Hantzberg est mobilisé en août 1939 comme lieutenant au 10e régiment du génie. Il échappe à la capture en étant interné en Suisse le 20 juin 1940, au moment où il venait d’être promu capitaine. Rapatrié en janvier 1941, il est démobilisé à Grenoble et revient Châteauvillain.
Réfractaires en forêt
Patriote, il multiplie, en 1942 et 1943, les prises de contact avec des résistants, de toutes obédiences. L’ingénieur est ainsi approché par l’Organisation civile et militaire (Louis Bois et Georges Debernardi), par le Bureau des opérations aériennes (René Pajot), par le mouvement Lorraine (Charles Martin), par le Front national (André Germain). En août 1942, un Castelvillanois d’origine, Maxime Mongin (Jhm quotidien du 25 septembre 2023), vient également le rencontrer, et le recommande, courant 1943, à ses chefs du mouvement Combat.
Sous l’impulsion d’Hantzberg, « nous avons caché et nourri des jeunes au pavillon de chasse, dans la forêt de Châteauvillain et Marmesse, témoigne Camille Normand, un résistant. Après la visite d’un individu inconnu dans le pavillon, nous avons dû changer d’emplacement, et les conduire de nuit dans les baraques de Roignevaux et Val Pron*. » L’ingénieur repère également un terrain de parachutage au lieu-dit Bois-Madame.
Bagarres dans le train
Mais fin octobre 1943, la police allemande, renseignée par des Français, opère un vaste coup de filet dans le milieu résistant de la moitié Sud haut-marnaise. Selon son épouse, Philippe Hantzberg part se réfugier dans le Jura. L’affaire s’étant calmée, il revient. Mais le 21 janvier 1944, il est arrêté à Châteauvillain, ainsi qu’Henri Bois (frère de Louis Bois), dans le cadre d’une autre opération allemande.
Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, Philippe Hantzberg est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz. Le trajet est horrible. Des bagarres éclatent dans les wagons entre internés. Fernand Wiszner et Martial Bel, de Chaumont, se rappellent que l’ingénieur castelvillanios a été victime d’un mauvais coup. Il est très affaibli lorsqu’il arrive dans le camp d’extermination. Il y est déclaré décédé le 30 mai 1944. Chevalier du Mérite agricole, médaillé de la Résistance, Philippe Hantzberg a été homologué au grade de commandant des Forces françaises combattantes.
Son fils Jacques, âgé de 17 ans, a été arrêté le jour du massacre de Châteauvillain, le 24 août 1944, emprisonné à Chaumont, mais finalement libéré.
Lionel Fontaine
* Entre Châteauvillain et Dinteville.