« Une volonté que l’hôpital ait son deuxième genou à terre », dénonce FO 52

Le syndicat Force ouvrière Santé pointe à nouveau du doigt la situation de sous-effectifs dans les hôpitaux, et notamment de proximité.

Le syndicat Force ouvrière (FO) Santé a tenu une conférence de presse, vendredi 26 janvier 2024, dans ses locaux de Chaumont. Elle a été animée par Yann Grisval, secrétaire du syndicat, Nathalie Cortinovis (Joinville), Karen Schmitt (Saint-Dizier) et Sandrine Roussel-Druart, secrétaire régionale, en présence d’Anna Morel, secrétaire de l’union départementale.

Le syndicat a consacré une partie de cette réunion à la problématique de la présence de la clinique dans les locaux de l’hôpital de Saint-Dizier (lire dans une prochaine édition). Mais auparavant, il est longuement revenu sur la situation dans les hôpitaux de proximité. « Il y a clairement la volonté des gouvernements successifs que l’hôpital ait son deuxième genou à terre », résume Yann Grisval. « Trente-cinq milliards, ce sera pour faire des murs, mais sans personnels, cela n’aboutira à rien », estime l’agent langrois.

Remplacer les remplaçants

Le manque d’effectifs, et d’effectifs « qualifiés », c’est en effet le grand problème pointé du doigt par FO. « L’attractivité passe par les salaires », rappelle d’abord Anna Morel. Il y a bien des étudiants qui sont inscrits dans les Instituts de formation de soins infirmiers (Ifsi) de Saint-Dizier et Chaumont, mais comme ils sont orientés par ParcourSup et viennent de différentes régions, « ils ne restent pas en Haute-Marne », relève Sandrine Roussel-Druart.

Quand le personnel qualifié fait défaut, c’est à des agents « non qualifiés » qu’il est fait appel. « Dans beaucoup d’Ehpad, les missions sont confiées à des ASH [agents des services hospitaliers], même s’ils sont de bonne valeur », explique Yann Grisval. Et Nathalie Cortinovis de déplorer que Pôle emploi oriente pour occuper ces postes « des personnes qui n’ont pas la vocation, qu’on n’a pas le temps de former car on est en sous-effectif. Résultat : on doit remplacer des remplaçants non motivés et qui sont en arrêt ».

« Coup de lingette »

FO alerte également sur ces missions du quotidien auprès des patients dont le mode d’exécution scandalise les agents : « On est passé de ce qu’on appelle le lavage « TMC » – tête main cul – à la toilette sèche : un coup de lingette. » A ce sujet, les préconisations de la hiérarchie restent verbales, non écrites. « Un responsable nous dit : « C’est insoutenable, mais on ne l’écrira pas », précise Yann Grisval. Si une famille, et c’est légitime, devait porter plainte, ce serait l’aide soignante qui serait traînée dans la boue ».

Pour le syndicat, la conséquence directe de cette situation de sous-effectifs, c’est la fermeture de lits. A Joinville, où travaillent 158 agents, il n’y a plus que quinze lits sur 29. A Langres, indique Yann Grisval, « un quart des lits de médecine SSR* ont été fermés. Ces patients, on les retrouve dans le garage ! »

L. F.

* Soins de suite et réadaptation.