Un air de château fort
Les murs ont la parole. Avez-vous déjà porté attention à ce monument aux allures de petit château fort qui s’élève contre le chevet de la cathédrale ? Il s’agit de la nouvelle sacristie bâtie en 1858. Partons place Jean-Duvet observer cette construction à l’architecture controversée…
En passant sur la place Jean-Duvet, vous aurez sans doute remarqué la construction aux deux tourelles élancées qui attire le regard. Cette sacristie, assez récente, au regard de la longue épopée de la cathédrale Saint-Mammès, est venue remplacer un autre bâtiment plus ancien.
Elle fait partie d’un vaste programme de restauration de la cathédrale, mis en œuvre au XIXe siècle. Par son style architectural, qui manifeste un goût pour le néo-roman, cette sacristie vient rompre avec les autres monuments de son environnement. A l’époque de sa construction, l’image saisissante de son pignon encadré de deux tours élancées n’a pas fait l’unanimité parmi les érudits langrois.
Théodore Pistollet de Saint-Ferjeux ne cache ainsi pas son désappointement en relatant, dans la chronique des mémoires de la Société historique et archéologique de Langres, l’inventaire des opérations réalisées. Il regrette que les architectes « ne se soient pas conformés au style de cette église qui est parfaitement caractérisé ». La nouvelle sacristie, dit-il, « offre, à l’extérieur, l’aspect d’un château-fort avec des tours, et son architecture, qui appartient au style normand, n’a rien de commun avec l’église Saint-Mammès. Une sacristie n’étant qu’un bâtiment accessoire, doit être moins ornée que l’église dont elle dépend, et doit aussi la cacher le moins possible. La nouvelle sacristie de Langres est construite d’après des données tout opposées : elle est beaucoup plus riche d’architecture que la cathédrale, et elle cache entièrement l’abside du seul côté où on pouvait la voir ».
Depuis, la sacristie s’est faite plus discrète dans le paysage et les Langrois se sont peu à peu habitués à la croiser du regard…
De notre correspondante Angélique Roze
Source : “La cathédrale de Langres” par Georges Viard.