Un peu lourd ? Pas seulement…
Le salarié d’un supermarché aura pour ainsi dire manqué de bienséance. Propositions explicites, mains baladeuses… Monsieur avait jeté son dévolu sur une collègue, la jeune femme finit « collée au mur », sans réserve, en réserve.
Le travail, un espace d’échanges, de rencontres, 10 à 15 % des couples se seraient formés de ce cadre, souvent, aussi, les relations se limitent au stade du fantasme, cette collègue, cette DRH, ce patron, ce manutentionnaire…
Bref, James P a trouvé en son lieu de travail, un supermarché de Châteauvillain, un véritable terrain de chasse. Une petite relation adultérine avec une jeune collègue, ce vieux chameau, ça le bottait bien. Des échanges cordiaux ont manifestement été entretenus. Dans le cadre du travail, en dehors, aussi. « Elle est venue deux fois chez moi ». Monsieur ne cache pas ses intentions. James P les exprime d’une façon pour le moins directe, plus clairement, le quadragénaire ferait bien de sa collègue son « plan cul ». Histoire de « pimenter » la vie de madame, excusez du peu. James P le reconnaît, « oui, j’ai envoyé des textos, je me suis rendu compte que j’avais été trop loin ».
« Elle le repousse, mais il revient »
L’indélicat personnage finit par y aller, trop loin. Le 20 mai 2022, James P croise sa collègue dans «un sas» attenant à l’espace de vente du supermarché. « Collée au mur », la victime, alors âgée de 22 ans, essuie de premières caresses, James P lui lèche le lobe d’une oreille, puis l’autre, s’en suivent des baisers, le long du cou, puis un peu plus bas. « Madame lui dit d’arrêter, elle le repousse, mais il revient et tente de l’embrasser ».
Une malheureuse et maladroite tentative ? Une agression sexuelle. Qu’en dit-il, ce prévenu présenté, mardi 23 janvier 2024, devant le tribunal correctionnel ? « Je ne me souviens plus très bien ». Le président Morelière renvoya le quadragénaire à un message adressé à la victime au lendemain de cette agression. « J’ai adoré t’embrasser dans le cou ». Au nom de la plaignante, Me Alfonso se montra ironique, acide. « Vous souffrez d’amnésie ? Avez-vous consulté un médecin ? »
« Nous sommes en 2024 ! »
A la barre, voix basse, taiseux, le prévenu n’en mène pas large. Monsieur est manifestement plus prolixe dans le cadre du travail. « Taquin », « lourd et vulgaire », le quadragénaire a les « mains baladeuses » comme en a témoigné une collègue. Le salarié préfère les toilettes des femmes à celles réservées aux hommes, « elles sont sales » et puis, l’humour « gras », c’est son truc.
« Monsieur n’a rien compris, nous sommes en 2024 ! Cet homme propose clairement à madame de coucher avec lui, elle ne lui répond pas, mais il continue, dans le sas, elle le repousse, mais là encore, il continue », tonna Me Alfonso avant de pointer l’attitude de l’employeur de prévenu et victime. « Madame a choisi de démissionner, pour se protéger, monsieur a été sanctionné d’un pauvre avertissement, comme si de rien n’était ! »
Madame le procureur Bulle enchaîna. « Il est toujours assez effarant de constater la nécessité de rappeler à des prévenus la différence entre des blagues un peu lourdes et la transgression de la loi pénale ».
« Il y avait autre chose… »
Au nom d’un « bosseur », un homme jusqu’alors inconnu de la justice, un père attaché à l’éducation de sa fille, « handicapée », Me Grosjean appela le tribunal à faire preuve d’une prudence toute particulière. « Ces deux personnes ont entretenu des contacts, il y avait autre chose entre ces deux-là, monsieur le président, si vous m’invitez chez vous, si je ne veux pas y aller, vous ne me verrez pas ! (…) Des baisers dans le cou, est-ce réellement une agression sexuelle ? (…) Madame n’est pas en cause, mais en une phrase, “Tu es un gros con, va te faire foutre”, il aurait compris et le problème aurait été réglé ! »
Décision ? Douze mois de prison, peine intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant obligations de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime. Appelé à suivre, à ses frais, un stage de prévention des violences sexuelles et sexistes, le prévenu s’est vu notifier son inscription au Fichier judiciaire automatisé des autres d’infractions sexuelles ou violentes (Fijaisv).
T. Bo.