Autoroute, 130 tracteurs bloquent l’échangeur de Beauchemin
C’est une première. Les agriculteurs ont bloqué hier, jeudi 25 janvier, l’échangeur de l’autoroute entre l’A5 et l’A31 à l’appel de la FDSEA et des JA. La “sur administration”, l’obligation de 4 % de jachère et bien d’autres inquiétudes ont permis cette mobilisation unique qui se termine ce matin.
De mémoire de journaliste et de syndicaliste agricole, jamais l’autoroute n’avait été encore envahie par des tracteurs pour la bloquer. Cette première a été franchie ce jeudi 25 janvier à l’appel de la FDSEA et des JA qui ont donc rejoint le mouvement national. Hier, on comptabilisait une soixantaine de manifestation d’agriculteurs en France où les autoroutes ont été des cibles privilégiées avec le consentement des autorités préfectorales. «C’est la preuve qu’ils ont bien compris qu’il ne faudrait pas nous pousser dans nos retranchements», commentait sobrement, hier, Sébastien Riottot, président de la FDSEA.
Près de 130 tracteurs ont donc convergé vers l’échangeur autoroutier de l’A5 et de l’A 31, le Y autoroutier de Beauchemin. Environ 300 personnes se sont retrouvées sous le pont de cet échangeur. Tous avec ce même ras-le-bol d’une administration qui devient beaucoup trop pesante. «Désormais pour notre carnet phytosanitaire, on fait confiance à des applications et des logiciels. On n’est plus capable de le faire soi-même, c’est devenu trop complexe», indique Sébastien, exploitant à Leffonds, qui a abandonné l’élevage pour se consacrer à la production céréalière.
L’autoroute devient lieu d’échange
Sur ces Appli et logiciel, l’exploitant doit apporter un nombre important de renseignements donc certains sont très utiles dans la conduite de l’exploitation en convient Sébastien mais pour d’autres, cela ressemble à «du flicage». «J’ai mal saisi un nom et je me suis trompé d’une lettre, j’ai récolté d’une amende de 750 € pour une lettre», fustige un autre agriculteur. «On est arrivé à ne plus savoir remplir la paperasse que l’on est obligé de déléguer à des personnes que l’on paie», commentent pour leur part Jean-Marc et Olivier respectivement éleveur à Voisine et Lavernoy.
«Un agriculteur n’a pas vu qu’il fallait cocher une case “je demande le versement des aides PAC”. Résultat, il n’a rien touché», font-ils savoir. Cette sur administration pèse sur le monde agricole d’autant plus qu’ils dénoncent un système où ils sont de plus en plus sous surveillance. «Bientôt, ce sont des satellites qui vont surveiller nos exploitations avec un passage tous les trois jours», affirment les deux exploitants.
Les jachères encore et toujours
Un sujet revient régulièrement dans les conversations, cela concerne les 4 % de jachère qui s’impose au monde agricole cette année. «Les gens ne vont pas manger 4 % en moins. Ce qui va arriver, c’est que l’on va importer davantage comme des moutons de Nouvelle-Zélande avec une sécurité alimentaire en moins car ils sont nourris aux hormones», lancent-ils.
Gabriel Attal, le premier Ministre, doit faire de premières annonces ce vendredi 26 janvier. «Les annonces se feront en deux temps. Il y a des choses sur lesquelles le gouvernement peut agir et d’autres qui relèvent de Bruxelles. Moi, je demande à ce que le GNR (gazole non-routier) soit détaxé et surtout que l’on arrête avec les 4 % de jachère», explique Sébastien Riottot. «4% de jachère, ce sont 4 % de surface de production en moins, et des revenus en moins. D’autant que ces jachères vont nous coûter de l’argent. Il est encore temps de revenir en arrière, on va seulement attaquer les semis», souligne le président de la FDSEA.
Ph. L.