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Chabrier, gloire bragarde de la boxe… française

Chabrier (à gauche) s’entraîne avec son associé Antoine. (Photo parue dans La Vie au grand air).

Il a affronté un ancien champion du monde américain, vaincu un champion de boxe anglaise, ouvert une école de boxe française en Argentine. Né à Bienville, décédé prématurément il y a 100 ans, Lucien Chabrier, qui fut également footballeur parisien, est la première gloire bragarde du noble art.

Fils de cheminot, Lucien-Raymond Chabrier est né à Bienville le 15 juin 1871. Le début de sa vie, professionnelle et sportive, se passe à Saint-Dizier : garçon brasseur, il est sociétaire de la fameuse société La Bragarde. Puis il gagne Paris, où il se marie en 1902 avec Marie Mesnier. Il exerce alors la profession de professeur de boxe dans la capitale.

La boxe, Chabrier l’a découverte en 1895. La boxe française, plus précisément. Son initiateur, son maître s’appelait Joseph Charlemont, considéré comme le « créateur » de la discipline. Après trois années à ses côtés, le Bragard rejoint Casterès, propriétaire d’une salle de sport dans la rue Nouvelle, toujours à Paris. « En 1898, raconte-t-il à un journaliste, je partis à Londres et pendant deux mois je fis, à l’Alhambra, la démonstration de la boxe française. »

Racines bragardes

Lucien Chabrier rayonne à l’international : par exemple, il combat à plusieurs reprises à Bruxelles. En 1902, année où il reprend la salle de la rue de Londres avec son associé Antoine, il se frotte à Chamberlain. L’année suivante, il est champion de France poids léger, et il participe au championnat du monde « des professeurs » de boxe française. Mais la compétition est annulée, l’adversaire de Chabrier, victime d’un accident, s’étant dit incapable de lutter. Ce qui n’empêchera pas la presse de qualifier Chabrier de « premier lauréat du championnat international de boxe ».

Célèbre dans la capitale, Chabrier n’en oublie pas moins ses racines. Le 3 septembre 1905, il organise au théâtre municipal de Saint-Dizier des rencontres de boxe, française et anglaise, de canne et d’escrime. Pour la cité bragarde, c’est une première. De premiers sportifs de la cité, Edmond Colin et Marc Gatinois, des Jeunes de Saint-Dizier, ont ainsi l’occasion de pratiquer cette discipline. Un champion d’Angleterre, Walter Picards, un Gallois, Geo Stanley, le champion de France Ducasse sont également à l’affiche de cette démonstration.

Sous l’uniforme à 44 ans

Vainqueur retentissant en 1907 du boxeur anglais Jack Roberts, dans la mythique salle Wagram, défait trois ans plus tard par un autre Britannique, Jack Menkins, celui qui jouait également au football (lire l’encadré) s’installe en Argentine où il ouvre une école de boxe. Mais la guerre éclate et il doit rentrer en France. Sergent moniteur de gymnastique, l’ancien chasseur à pied s’engage en avril 1915 à Neufchâteau, à l’âge de 44 ans, et sert dans l’infanterie territoriale. Selon sa fiche matricule, au cours du conflit, il est enseveli par l’explosion d’une torpille.

Réformé en avril 1919 pour « paralysie générale », Lucien Chabrier revient à Paris très diminué. Il décède prématurément le 27 décembre 1924, il y a 100 ans. Le journal L’Auto – ancêtre de l’Equipe – lui rend hommage dès son édition du lendemain.

Lionel Fontaine

Source : blog du club Mémoires 52.

« Diable de petit Français »

Le 17 janvier 1903, la salle Chabrier-Antoine accueillait un ancien champion du monde de boxe anglaise, l’Américain George Kid Lavigne. L’occasion, pour le Bragard, de se mesurer à celui qui a défendu cinq fois son titre entre 1896 et 1899. Interrogé par le journal L’Auto, Kid Lavigne devait dire, à propos de son concurrent, que c’était un « diable de petit Français […], les coups n’ont pas de portée sur lui, car il esquive merveilleusement ».

Un footballeur trop professionnel

Lucien Chabrier n’était pas seulement boxeur. Il était également gardien de but dans une équipe du Football-club de Paris, dont il était vice-président. Passionné par ce sport, le Bragard eut l’occasion, en 1903 dans la presse, d’écrire un courrier encourageant les arbitres à siffler des « pénalty kick » – dits déjà « coup de pied de réparation » – en cas de faute. Et il s’est aussi retrouvé au coeur d’une « querelle de l’amateurisme » : professeur de boxe (donc professionnel), il a été interdit, en 1904, de joueur au foot… en amateur. 

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