Chenilles processionnaires : c’est le moment de guetter
C’est le moment de repérer les nids de chenilles processionnaires du pin, qui se répandent en Haute-Marne. La période froide y est particulièrement propice.
La chenille processionnaire du pin est différente de celle du chêne et similaire dans son cycle de de vie complexe. Celui-ci est influencé par divers facteurs environnementaux. Ce cycle, normalement annuel, peut s’étendre sur deux, voire trois ou quatre années, principalement au stade nymphal. Il se compose de trois phases distinctes : la phase adulte, caractérisée par les papillons, la phase larvaire avec cinq stades de chenilles (L1 à L5), et la phase nymphale, marquée par la transformation des chenilles en chrysalides.
Les chenilles tissent des nids dès l’arrivée des premiers froids, donc à partir de décembre/janvier en général, formant des structures appelées nids d’hiver qui agissent comme des radiateurs solaires. Elles se nourrissent des aiguilles de pin la nuit, se déplaçant en procession sur le même arbre.
Pour contrôler cette infestation, diverses méthodes sont recommandées. La pose de pièges à phéromone permet de réduire les accouplements, tandis que la lutte microbiologique avec une bactérie, appliquée aux stades larvaires de L1 à L4 des chenilles, est une méthode respectueuse de l’environnement. La gestion paysagère privilégiant les feuillus autre que les chênes qui sont victimes de la chenilles processionnaires du chêne cette fois, réduit l’accessibilité des arbres hôtes, tout en offrant un refuge aux prédateurs naturels.
D’autres approches incluent la lutte mécanique, consistant à enlever et détruire manuellement les nids, le piégeage des chenilles pour les empêcher de se transformer en chrysalides, et l’installation de nichoirs pour favoriser la prédation des oiseaux, comme les mésanges.
Des techniques innovantes sont également étudiées, telles que la confusion sexuelle par des billes de phéromones micro-encapsulées ou la lutte biologique avec des parasites oophages, qui agissent sur les œufs pour réduire les populations futures.
En combinant ces méthodes adaptées à différents stades du cycle de vie de la processionnaire du pin ou du chêne, il est possible d’assurer une lutte efficace tout en minimisant les risques pour la santé humaine et animale, et en préservant l’équilibre écologique des écosystèmes forestiers.
Bien sûr, la sécurité lors de la manipulation de ces chenilles processionnaires est essentielle. Il est impératif de prendre des précautions adéquates pour se protéger des soies urticantes présentes non seulement sur les chenilles mais aussi dans les nids, même vides. Cela nécessite le port d’équipements de protection individuelle tels qu’une combinaison, des gants, des lunettes et un masque pour éviter tout contact direct avec ces soies urticantes.
Il est également crucial de distinguer les chenilles processionnaires du pin des chenilles processionnaires du chêne. Ces deux espèces sont totalement différentes, avec des activités et des cycles saisonniers distincts, mais qui se chevauchent, principalement pendant la saison printanière. Cette distinction est importante pour mettre en place des stratégies de lutte spécifiques à chaque espèce et pour éviter toute confusion lors de la mise en œuvre de ces stratégies.
Menaces sur les arbres et risques sanitaires
Ces insectes représentent une menace pour les arbres, car leur alimentation entraîne des défoliations, fragilisant les pins et cèdres, les rendant sensibles à d’autres ravageurs et aux variations de température et d’humidité. On en trouve de plus en plus en Haute-Marne grâce à la vigilance de promeneurs et professionnels qui rapportent leurs observations au réseau Fredon France. C’est le premier réseau d’experts au service de la santé du végétal, de l’environnement et des hommes depuis 1931, avec 70 sites en France. Ces observations n’étaient pas faites auparavant car le programme n’était pas encore activé de façon efficace.
Outre les dommages aux arbres, la processionnaire du pin ou du chêne pose des risques sanitaires majeurs. Les poils urticants libérés par les chenilles peuvent causer des problèmes cutanés, oculaires et respiratoires chez les humains, tandis que certains animaux peuvent souffrir de nécrose de la langue et d’autres complications. Il est primordial de ne pas entrer en contact avec un nid, même au sol, car les soies des chenilles même mortes ou parties sont toujours urticantes.