Au fil des audiences du tribunal correctionnel
Les derniers dossiers des audiences du tribunal correctionnel de Chaumont.
« Je travaille, je me suis rapproché de mes parents, j’essaie de m’en sortir ». Xavier M essaie… Le 23 novembre 2023, le trentenaire stoppait sa route à l’invitation des gendarmes. Pas de ceinture de sécurité, pas de contrôle technique, pas d’assurance et puis, le père de famille n’est plus titulaire du permis de conduire, le trentenaire aurait par ailleurs consommé des stupéfiants. Nouveau contrôle, le 29 décembre 2023, Xavier M est au volant, un test salivaire s’avère une fois de plus positif. Présenté, en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel, le prévenu fit valoir son droit à profiter d’un délai afin de préparer sa défense. Dans l’attente de débats fixés au 9 février 2024, le prévenu, présumé innocent, patientera entre quatre murs.
Place à un dossier de trafic de stupéfiants. Le dossier a pour origine une dénonciation anonyme. « Très détaillée ». Parti de Haute-Savoie où le prévenu a été condamné par le passé, en état de récidive légale, le prévenu est arrivé à Saint-Dizier il y a 18 mois. « Pour travailler ». La cession de stupéfiants peut s’apparenter à une activité professionnelle. Mouloud Ouarem fut condamné à 30 mois de prison ferme (notre édition du mercredi 17 janvier 2024). L’avenir se dessine, là encore, entre quatre murs.
Violences conjugales
Salarié, Vincent P était jusqu’alors inconnu de la justice. Le 23 décembre 2023, à Bourbonne-les-Bains, le père de famille a « pété un câble », comme il dit. Au terme d’un après-midi arrosé, une dispute éclate entre Vincent P et sa compagne. Monsieur reconnaît avoir porté un coup à madame. Les conséquences auraient pu être dramatiques. La tête de la victime a heurté une table basse. Bilan ? Quarante-cinq jours d’incapacité totale de travail. Comme si ça ne suffisait pas, les violences ont été commises devant l’un des enfants de la victime, lui-même malmené. A jalousie s’ajoute un climat familial tendu. « Elle insulte régulièrement ma fille, elle me dit qu’elle veut crever ma mioche de merde, que ma fille est la même pute que sa mère ». L’enfant fut traitée de « connasse » par la victime à la barre du tribunal. Le prévenu répéta pourtant l’aimer, cette femme violentée avant d’en convenir, oui, « il faut tout arrêter, ça pourrait recommencer ». Décision ? Douze mois de prison, peine intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant une interdiction de contact avec les victimes et l’obligation de suivre un stage relatif aux violences conjugales.
Pot de confiture
Drogue, violences conjugales, misère, misère, une misère affective, sexuelle, parfois. Aide à domicile, Claudette R pensait trouver l’amour sur la toile, un interlocuteur africain, un homme dans l’attente d’un héritage, des rêves plein la tête, un beau mec, riche, c’est toujours mieux, bref, une arnaque. Son frère l’aida, à hauteur de « 42 000 euros ». Insuffisant. Avant d’être confondue en juillet 2021, madame a tapé dans les économies de personnes âgées à qui elle était censée venir en aide. Dissimulée derrière un masque chirurgical, la sexagénaire s’enferma dans un profond mutisme, « une posture » aux yeux de Me Tribolet. « Madame a été jusqu’à envoyer 500 euros en Afrique le jour du décès du fils de mon client ! » Me Chapusot fit à son tour état du préjudice d’une victime avant de s’étonner que Claudette R soit toujours en poste au sein du réseau Aide à domicile en milieu rural (ADMR). Décision ? Six mois de prison, peine intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant l’obligation de payer les sommes dues aux victimes. Claudette R est par ailleurs visée par une interdiction d’exercer l’activité d’aide à domicile.
A la caisse
Sandrine G ne croyait pas au grand amour, madame souhaitait simplement améliorer son quotidien. En poste dans un supermarché de la Porte-du-Der, cette mère de famille sans histoire a tapé dans la caisse. Les retours de produits étaient directement encaissés par madame. « L’argent, il me servait à acheter des cigarettes, jamais de folies, jamais un voyage ». Et puis… « Avec l’argent, je faisais mes courses dans le magasin ! »
Si Sandrine G, licenciée, reconnaît ses torts, « j’ai brisé ma vie », une certaine acrimonie à l’égard du « patron » de ce supermarché transpira des débats. « Madame a connu le père de l’actuel dirigeant, par le passé, elle a connu les primes, les coups de pouce financiers, le fils, en arriviste qui n’a rien construit, a tout changé, madame voyait des connaissances de cet homme sortir des caddies entiers pour alimenter en alcool une discothèque auboise », nota Me Lopes avant de contester l’ampleur d’un préjudice estimé à 40 196 euros. « Des retours ont été relevés alors que madame était en congé, Intermarché essaie de gonfler la note ! » Quelques minutes plus tôt, madame le procureur Bras-Abbari avait requis une peine de six mois de prison avec sursis. La décision du tribunal sera rendue le 13 février 2024.
T. Bo.