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façade du collège

Il rachète un collège abandonné et en fait une œuvre d’art

façade du collège
Sur la façade du collège, cette œuvre s’inspire de la nature. (Instagram Le collège fou fou fou)

Qui a eu cette idée folle, un jour, de racheter l’école ? Pendant le confinement, Rod Maurice a racheté un collège breton abandonné depuis 30 ans pour en faire un lieu dédié au street art. Rencontre avec un Haut-Marnais qui s’est lancé dans ce défi aussi fou que génial !

Trente ans de squat, de casse, de deals, de trafic d’armes, de massacres d’animaux… L’ancien collège privé de Saint-Georges-de-Reintembault, en Ille-et-Vilaine, n’avait vraiment pas de quoi faire rêver. « Ma femme m’a dit : “Il est hors de question d’acheter ça !” » Mais Rod Maurice, persuadé qu’il y avait « un super truc à faire », rachète le bâtiment en 2021, en plein confinement, pour en faire un haut lieu du street art.

« La Haute-Marne coche toutes les cases d’un endroit idyllique quand on aime la nature, qui est l’essence même du bonheur. »

Rod Maurice Propriétaire d’un collège transformé en temple du street art

Petit retour en arrière. Rod Maurice est né à Rachecourt-sur-Marne et a passé toute sa jeunesse à Saint-Dizier. Bac en poche en 1994, au lycée Saint-Ex, il quittera la Haute-Marne quelques années plus tard, pour ne plus y revenir. Ou presque. « Je ne suis revenu qu’une fois, en décembre 1999 et je n’ai pas pu repartir à cause de la tempête ! », se souvient-il. Sa carrière de photographe de concert à Paris (il est notamment parti deux ans en tournée avec le chanteur M) lui a permis de rencontrer sa femme, qui travaille, elle aussi, dans le milieu de la culture.

Non essentiels

Mais très vite, c’est l’overdose. « Il y a tout à Paris, mais à force, je me suis senti submergé par cette sur-offre. En 2011, on a passé des vacances à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)… Trois mois plus tard, on vivait là-bas ! » Propriétaire d’un petit appartement de 45 m2 depuis 2013, Rod Maurice a l’opportunité, en 2019, de racheter le logement du dessus pour en faire un duplex. Mais la Covid est passée par là. Classés « non essentiels par Emmanuel Macron », Rod Maurice et son épouse n’ont d’autre choix que de revendre les deux appartements pour rembourser les crédits.

« A la campagne, pour 50 000 euros »

« Avec la plus-value, on s’est mis à la recherche d’un bien, n’importe où en France, à la campagne, pour 50 000 euros, avec maximum 100 000 euros de travaux. » Naturellement, ses recherches s’orientent vers ses terres d’origine. « Tout ce qui me ferait revenir en Haute-Marne, c’est ce qui m’a fait fuir à l’époque : la culture et la verdure. Mais la Haute-Marne coche toutes les cases d’un endroit idyllique quand on aime la nature, qui est l’essence même du bonheur », affirme Rod Maurice.

A 47 ans, Rod Maurice vit dans un ancien collège breton et revient trois à quatre fois par an en Haute-Marne.

L’ancien moulin du XVIIe siècle trouvé en vente près de Langres aurait été idéal, mais « il a été acheté le soir-même sur photo ». Joinville ? « Une très belle ville, mais je n’ai pas trouvé ce que je voulais là-bas », regrette-t-il. Il aurait bien racheté aussi l’ancienne usine Vallourec de Chevillon, où son père a travaillé. Mais une champignonnière l’a une nouvelle fois devancé.

Huit mois de nettoyage du collège

Et un jour, apparaît sur un site de petites annonces en ligne un collège privé construit en 1971 et abandonné 20 ans plus tard, à l’autre bout de son département d’adoption. « J’y suis allé en transgressant les règles du confinement. Comme le lieu était squatté depuis des années, je n’ai pas eu de mal à le visiter. » C’est le coup de cœur. Rod Maurice achète ce bâtiment de 1 860 m2 et ses 6 000 m2 de terrain, pour y installer sa maison.

Après huit mois de nettoyage et d’importants travaux, l’objectif est atteint. « On a gardé 147 m2 du collège pour notre maison, tout en conservant l’esprit du lieu. » Les paillasses des salles de physique-chimie ont ainsi été conservées pour la cuisine et le salon reprend la couleur bleue de la moquette de la salle de couture des filles. Et pour les plus de 1 700 m2 restants ? « Comme il y avait très peu de culture, ni chez moi, ni en Haute-Marne à mon époque, j’ai décidé de les dédier au street art. »

Un Goldorak et une vulve-horloge !

Depuis près de trois ans, Rod Maurice a ainsi accueilli une quarantaine d’artistes dans son collège. « On n’a jamais démarché personne. Ce sont eux qui nous contactent via Instagram. Ils viennent gratuitement, donc on les laisse faire ce qu’ils veulent. Et on a des œuvres de dingue ! », se félicite le Haut-Marnais. « Dans le street art, il n’y a pas de limite. Pour l’extérieur du bâtiment, on leur demande juste d’être en rapport avec la nature ou la condition animale, mais à l’intérieur, c’est entièrement libre. On a aussi bien un Goldorak qu’une vulve-horloge ! »

Et ce ne sont pas les projets qui manquent pour la suite, entre un festival dès cette année, une salle d’arcades ou un studio pour héberger les artistes de passage dans son collège dans les années à venir… « C’est le projet d’une vie. Il y a de quoi faire dans 1 860 m2 », conclut Rod Maurice. « Mais pour autant, je n’ai pas l’impression que ce qu’on fait est extraordinaire. C’est un boulot à plein temps, mais ça ne me dérange pas. Et puis ça montre que tant qu’on a la motivation, on peut s’installer n’importe où, même avec un projet complètement fou ! »

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

Plus de 800 arbres plantés en deux ans autour du collège

S’il a dédié l’intérieur de son collège au street art, Rod Maurice tient à rendre l’extérieur à la nature. « Sur les 6 000 m2 de terrain, on a planté plus de 800 arbres en deux ans. Et on doit en remettre une centaine cette année. Ensuite, on laissera faire la nature. Il n’y a que 2 % de forêts en Ille-et-Vilaine, alors si on peut en recréer une… »

Car à l’image de Saint-Georges-de-Reintembault, la commune d’implantation du collège, ce département breton est couvert de terres agricoles. « La commune est plus grande que Saint-Dizier, mais elle ne compte que 1 500 habitants. 90 % du territoire, ce sont des terres agricoles. » Et depuis que Rod Maurice s’est attelé à la reforestation de son terrain, « la LPO a repéré des oiseaux qu’elle ne voyait plus et des insectes comme les mantes religieuses ou les libellules sont revenus. On a aussi laissé des zones en ronces, ce qui est idéal pour les hérissons. »

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