Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

“Le cygne et la chauve-souris” : par un maître du polar

Heigo Higashino est considéré comme le «maître incontesté du polar japonais». “Le cygne et la chauve-souris”, traduit du japonais par Sophie Refle, est son onzième roman paru chez Actes Sud, petite partie d’une œuvre foisonnante consacrée par de nombreux prix et adaptée plusieurs fois au cinéma.

Ce livre, comme les précédents, séduit son lecteur avec une intrigue passionnante tout en le plongeant dans une civilisation qui le dépayse avec ses codes moraux, ses relations sociales et ses traditions familiales à la fois si proches et si différentes des nôtres.

Le roman commence sans surprise par un appel à la police de Tokyo : un avocat réputé vient d’être assassiné. Une enquête rapide permet d’identifier le meurtrier qui avoue tout instantanément, plus un autre crime qu’il aurait commis 35 ans plus tôt. Il risque la peine de mort puisqu’elle n’est pas abolie au Japon mais se montre résigné et serein. Il ne reste alors qu’à trouver quelques éléments tangibles qui attestent de la véracité de ses aveux, comme le prévoit la loi.

Pourtant, à chaque pas, les enquêteurs se heurtent à des incohérences, à de multiples détails discordants et à l’incrédulité de tous ceux qui ont fréquenté l’inculpé. Son fils unique, Kazuma, persuadé de l’innocence de son père et la propre fille de la victime, Mirei, avide de connaître la vérité, échangent leurs informations, associent leurs efforts pour mener une enquête parallèle. «Ils sont la lumière et l’obscurité, le jour et la nuit», «le cygne vole aux côtés de la chauve-souris» !

Se laisser porter

Reste au lecteur, un peu perdu au départ par la multiplicité des indices, des pistes possibles, des retours dans le passé, des rebondissements successifs, à s’accrocher au fil d’Ariane d’Heigo Higashino et à se laisser porter en suivant les déambulations des différents enquêteurs dans tous les quartiers de Tokyo et aux alentours. Une façon de découvrir un Japon non touristique, une mégapole animée, ses alentours ruraux et paisibles et l’indispensable Shinkansen qui rythme la vie des Japonais, dont la plupart des déplacements se font en train.

Il faut se laisser surprendre par cette atmosphère, ces mentalités si différentes des nôtres. Ainsi, le meurtrier se doit de demander pardon à tous ceux qui, par sa faute, vont voir leur vie bouleversée, non seulement la famille de la victime mais également sa propre famille dont tous les membres vont être mis au ban de la société et subir la vindicte populaire sur les réseaux sociaux. Un sens de la culpabilité, du pardon, du respect qu’on doit aux autres, une attention à l’image qu’on donne, à l’expression pudique des sentiments, un sens aigu du code de l’honneur inculqué depuis l’enfance, dessinent les contours d’un Japon contemporain encore imprégné des valeurs ancestrales.

De notre correspondante Françoise Ramillon

Sur le même sujet...

Avoir 20 ans en Chine en 1990
Littérature

“Jeune Babylone” est le premier volet d’une trilogie traduite par Johanna Gayde et parue chez Actes Sud. Roman d’apprentissage qui offre de la société une vision désabusée corrigée par un(...)

Rencontre d’écrivain : Belinda Cannone et “Les vulnérables”
Littérature

De nombreux amoureux de la littérature s’étaient donné rendez-vous jeudi 4 avril, à la librairie Apostrophe à Chaumont, pour voir et entendre Belinda Cannone, romancière et essayiste, présenter son dernier(...)

Langres
L’Autre Moitié du ciel fête ses 10 ans !
Littérature Musique

Créée en 2014 dans l’objectif de diffuser la douceur des mots et des textes au plus grand nombre par des actions originales, l’Autre Moitié du ciel s’est taillée une belle(...)