Télé, people, et Chaumont : les carburants d’Adeline Quittot
Adeline Quittot a quitté Chaumont à 18 ans, bien décidée à réaliser ses rêves. Aujourd’hui, à « 40 et quelques », elle est cheffe de la rubrique Programmes Télé 7 Jours. Edité à un million d’exemplaires, le roi des tables basses doit aujourd’hui beaucoup à la Chaumontaise.
« Aujourd’hui, je me sens au bon endroit, bien dans ma vie, mon travail. C’est une chance que je souhaite à tout le monde, mais j’ai peur d’apparaître prétentieuse », confie Adeline Quittot. On ne va quand même pas rougir du bonheur affiché par la jeune femme, transfuge Haute-Marne Paris courageuse et déterminée, qui ne s’est pas toujours vu ouvrir les portes en grand.
« Mes premiers stages au sein de grandes maisons ont été une horreur. J’étais éblouie d’être au cœur de la capitale, émerveillée par les vieux parquets, les noms prestigieux, mais c’est un milieu qui n’est pas ouvert à la province. Je n’avais pas les codes, pas la garde-robe. Tout pour être bouffée toute crue ». Après un cursus en droit, et un autre en lettres modernes à Dijon, c’est par une amie d’enfance qu’elle entend parler l’école française des attachés de presse (EFAP), à Paris. A première vue, cette école coûteuse est inaccessible, mais la Chaumontaise se prend à rêver, sans trop savoir pourquoi encore aujourd’hui. Comme on part en croisade, Adeline Quittot obtient un prêt bancaire étudiant et rejoint la capitale.
Au royaume des filles à papa
Le hasard la loge à Montmartre, en 2000, juste après la sortie d’Amélie Poulain. Le vieux Paris des cartes postales, l’effervescence, tout lui paraît surréaliste. Mais la réalité la rattrape bien vite au sein de l’EFAP. « C’est le genre d’école où l’on paie pour un diplôme. EFAP égale, en réalité, Ecole des Filles A Papa. J’étais à la fois très déçue et pas dans le moule. Par contre, ces écoles ont une liste incroyable de propositions de stages. J’obtiens mon premier stage chez Cacharel, au service communication.
Très mal accueillie, pas assez bien fagotée, la provinciale s’accroche et découvre les défilés de mode, le « people ». Une femme, Catherine Brabec, grande journaliste de mode, repère son originalité et la prend sous son aile, et, est-ce à dire, lui ouvre son carnet d’adresses, consciente, comme l’écrivait Bukowski que « le problème avec ce monde est que les personnes intelligentes sont pleines de doutes tandis que les personnes stupides sont pleines de confiance ».
Télé 7 jours, l’inconscient collectif
Adeline Quittot a les goûts de son âge, et à l’époque, c’est le « Morning Live », émission matinale pour jeunes sur M6, qui cartonne. Catherine Brabec déroule le 06… Et Adeline Quittot obtient un stage auprès de Magloire, figure incontournable du programme. Celui-ci, ayant baptisé son chuihuahua « Place Vendôme », ne la quittera plus. Figure du monde des célébrités, ce dernier l’a fait entrer au magazine Public, à l’époque référence de la presse people.
De piges en piges, la néo journaliste fait ses preuves et un jour, se voit proposer un poste au sein du mythique Télé 7 Jours. Le magazine recrute la Chaumontaise, qui rejoint le groupe Lagardère les yeux ahuris. Pour elle, c’est une forme d’Eldorado : un magazine familial et populaire qui affiche plus de 60 ans de succès. « J’ai pensé : mamie sera fière de moi », confie Adeline Quittot. Et pas que. Le roi des tables basses, alias des foyers français.
Elise Sylvestre
Un monde à part, mais pas tout rose
Difficile pour Adeline Quittot de tout réveler mais, à la volée, elle évoque Julien Doré, Marc Lavoine ou Benjamin Biolay, des « amours de personnes », les présentateurs télé, majoritairement ont la grosse tête, les nombreux acteurs très tristes au quotidien – comme Jacques Villeret. Evelyne Dhéliat reste un monument pour les Français. Le patron de Télé 7 jours, un trentenaire plein d’idées, laisse la part belle aux femmes si l’on en croit le nombre de Unes qui leur sont dédiées.
Dorothée est le plus beau et nostalgique souvenir d’Adeline. Alain Delon est, pour sa part, littéralement « électrique » quand il entre dans une pièce. Et attention : l’interprète de Nellie Oslon dans « La petite maison dans la prairie », alias Alison Arngrim, a souffert toute sa vie de sa mauvaise étiquette. La télé, ce n’est, et ne reste, que de la télé…