L’Entracte de Vincent Marchalant sur YouTube : plus c’est mauvais, plus c’est bon
Vincent Marchalant est à la tête de la chaîne YouTube « L’Entracte », qui regroupe plus de 2 000 abonnés. Il y raconte l’envers du décor des films, séries et jeux vidéo, avec un plaisir non coupable à se focaliser sur ce qui est mauvais. Et il y met toute sa minutie.
On le pensait timide. Il se dit « discret ». Sa mère le qualifie d’« ouvert ». Derrière un flegme à toute épreuve, Vincent Marchalant s’avère être un esprit pétaradant, acharné de travail et ambitieux. À 21 ans, il est le visage de la chaîne YouTube “L’Entracte”, spécialisée dans le décorticage d’œuvres de fiction. Il reconnaît avoir un attrait particulier pour ce qui est « mauvais, ou au moins ce que le public a considéré comme mauvais ». Il paraît que ce serait plus facile d’en parler. Soit.
Mais l’apparente facilité cache un dur labeur, un jusqu’au-boutisme dans le montage, son domaine de prédilection. « C’est un perfectionniste, il peut passer quatre heures à rectifier un petit truc qui le dérange, et qu’on ne verrait même pas », s’épate Greg Rajaona, son ami depuis le collège. Les deux ayant déjà bossé ensemble, gageons qu’il sait ce qu’il dit. Si on lui demande, Vincent Marchalant dira qu’il « ne (s)e voit pas comme un perfectionniste ».
Pas si flemmard que ça
Les résultats sont pourtant là : une chaîne avec plus de 2 000 abonnés, des vidéos dépassant les 20 000 vues, et un travail de monteur régulier pour le YouTubeur Alkor (471 000 abonnés sur ses deux chaînes). Pas mal, pour quelqu’un qui se qualifie volontiers de « flemmard ».
Ce lève-tôt à la mauvaise mémoire assumée – il doit regarder sur son smartphone pour lister les films qui l’ont marqué – a étudié le cinéma à Lyon, avant de revenir à Saint-Dizier, le temps de se stabiliser. Mais Vincent Marchalant n’est pas un Bragard pure souche, il est arrivé en 2014, suivant sa mère, gérante de chambre d’hôtes, et son beau-père, radiologue. Sa sœur, de deux ans son aînée, était aussi du voyage. Si son père, développeur informatique, lui a donné le goût du numérique, les deux n’ont plus tant de relations. « Je le vois de loin », se contente de dire le jeune homme, sans amertume.
Il loue, en revanche, le soutien sans faille de sa mère Sylviane, devenue sa « première fan ». « Je suis bluffée. Il écrit un scénario, il filme, il gère la lumière, le montage… C’est beaucoup de travail ! », s’émerveille cette dernière. Loin de l’image éculée du monteur reclus dans sa chambre, Vincent fait du VTT en forêt, et se remet à la course à pied. « Mais c’est dur pour le cardio », confie-t-il avec ses cheveux noirs de jais, sa barbe bien taillée et ses lunettes rondes.
Passion YouTube
Quand il se penche sur ses logiciels de montage, par contre, il est dans sa bulle. Vidéo d’un autre créateur de contenu ou musique dans le casque, il tamise la lumière pour être au mieux. Il parle avec ses mains, décorées de trois bagues, de sa passion dévorante pour YouTube. « J’ai toujours été intéressé, par tous les créateurs », promet-il. Forcément, les longs formats bardés de story telling retiennent son attention – c’est ce qu’il propose – mais il ne ferme pas la porte « au contenu fast food ». Comprendre, les vidéos légères produites par des mastodontes de la plateforme (McFly & Carlito, Joyca, Mastu…).
« Où vous voyez-vous dans dix ans ? », essaye-t-on après presque deux heures d’entrevue. « Difficile à dire, mais je ne serai pas malheureux. » Il n’a même pas hésité.
Dorian Lacour