Liez qui rit, Charmes qui pleure

Le niveau d’eau du lac de La Liez continue de progresser fortement en gagnant 50 cm en une semaine. Alors que celui de Charmes redescend aussi fortement dans une incompréhension totale. Explications.

C’est une évidence. Voies navigables de France ont tout mis en œuvre pour privilégier le remplissage du lac de La Liez. Aidé par une météo très favorable, contrairement à l’année dernière à la même époque, le niveau du lac poursuit sa remontée. En une semaine, une cinquantaine de cm ont été enregistrés puisqu’à la date de jeudi 21 décembre, la cote de 7,70 m était dépassée.

Avec les pluies régulières, la rigole de Vaucouleur apporte depuis Balesmes des milliers de m3 d’eau à des débits différents selon l’intensité des précipitations. Mais le résultat est là. Le niveau du lac est supérieur à la courbe de la moyenne sur 20 ans. A la date du 18 décembre, La Liez contenait 6, 99 millions de m3 d’eau, dépassant de 1,34 million de m3 la courbe de la moyenne sur 20 ans. Les “sacs d’eau” notamment entre mardi 9 et mercredi 10 décembre ont été largement profitables.

En une semaine, le lac de La Liez a vu son volume d’eau augmenter de 1,41 million de m3. C’est assez inespéré si l’on regarde quelques semaines en arrière. La Liez avait alors atteint le second niveau le plus bas depuis 20 ans avec tout juste un peu plus de 800 000 m3 d’eau encore disponibles.

La situation est identique pour le lac de La Vingeanne à Villegusien où VNF maintient un niveau élevé ainsi qu’à La Mouche à Saint-Ciergues malgré la poursuite des travaux sur le déversoir.

Retour à la case départ

Reste la situation du lac de Charmes. Où c’est l’inverse qui est constaté. Bon nombre de pêcheurs qui avaient remonté leur barque face à l’augmentation du niveau d’eau, la semaine dernière l’ont retrouvé sur l’herbe. Le niveau du lac a été fortement descendu. «Au 1^er décembre, nous étions à la cote de 308,40 et ce matin (vendredi 22 décembre, Ndlr) on est de nouveau à la cote 308,40», constate Alain Cœurdassier, trésorier de l’association de pêche, l’Epinoche langroise.

C’est comme si l’épisode pluvieux n’avait pas existé. VNF lâchaient un mètre cube à la seconde ! «Je ne comprends pas pourquoi VNF ont laissé le lac se remplir comme cela pour ensuite le vider. Il aurait été préférable de contrôler sa remontée si jamais c’est une question de vitesse de remplissage», lance Alain Cœurdassier.

Montée contrôlée pour le lac de Charmes

«On a le droit de faire du laminage de crue à condition que ce soit sur un temps court», répond Arnaud Petitot, adjoint au responsable de l’Unité territoriale d’itinéraire à VNF Chaumont. Ainsi, le lac de Charmes a stocké les fortes pluies mais désormais VNF restituent au Val-de-Gris ce “surplus”. «Nous ne sommes pas autorisé à prendre plus d’eau parce qu’il pleut plus. Ce sont des éléments avec lesquels nous échangeons avec la Dréal*», explique-t-il.

Cela signifie que VNF doit suivre une courbe de remplissage. Celle-ci est celle de la moyenne sur 20 ans. «On colle à cette courbe. On respecte cette courbe de remplissage», rappelle-t-il. Cette gestion particulière du lac de Charmes est due au fait que les travaux de confortement du barrage n’ont pas été encore menés comme pour La Liez, Vingeanne et La Mouche qui se terminent. «C’est une question de sécurité pour le barrage», fait remarquer Arnaud Petitot.

Normalement, VNF vont laisser se remplir le lac de Charmes jusqu’en mars comme l’indique la courbe de la moyenne sur 20 ans. A condition que la météo permette cela et rien n’est jamais certain en matière de prévision…

Ph. L.

* Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.