Don du sang : nous avons suivi le parcours d’une poche
Alors que les poches de sang manquent de manière chronique, jhm quotidien a décidé d’en suivre une, de son prélèvement jusqu’à sa transfusion. Récit d’un parcours étroitement surveillé, toujours chronométré, dont le bon déroulé sauve des vies.
Tout doit être millimétré. Le parcours d’une poche de sang, à Saint-Dizier, commence au Palace, où sont organisées des campagnes de dons tous les mois, comme jeudi 21 décembre. Après de nombreuses vérifications – identité, âge, lieu de naissance… – le donneur remplit un questionnaire, puis se soumet à un entretien, avec un infirmier de supervision ou un médecin. Il lui est aussi demandé de bien s’hydrater, avant le prélèvement, et de ne pas être à jeun.
Une ultime vérification d’identité, et voilà l’aiguille insérée dans le bras. Ça prend entre 10 et 15 minutes. Une petite poche de 40 millilitres, divisée en six tubes, est destinée aux analyses sanguines. Une deuxième, placée sur un automate qui pèse et assure le mélange anticoagulant, est remplie puis mise dans un sac de stockage. Après une période d’observation de 20 minutes – avec collation recommandée mais pas obligatoire – l’aventure du donneur s’arrête ici. Sauf si, bien sûr, un problème un décelé dans le sang prélevé. Mais le parcours de la poche ne fait que commencer.
De l’analyse du sang…
Direction les locaux de l’Établissement Français du Sang (EFS) à Nancy. À leur arrivée, les six tubes sont envoyés à Metz-Tessy, dans un laboratoire chargé de les analyser. En quelques heures, les résultats sont connus. Si le sang ne présente aucune anomalie, les poches restées à Nancy sont stockées.
Le premier jour, elles sont conservées à température ambiante, puis sont centrifugées, afin de séparer du concentré de globules rouges, une couche de plasma et – en cumulant les dons de huit personnes différentes – une couche de plaquette. « C’est pour ça qu’on dit qu’en faisant un don, vous sauvez trois personnes », explique le docteur Christophe Brullard, responsable des prélèvements du bassin de Nancy à l’EFS Grand Est. Pendant tout ce processus, les poches de sang sont complètement anonymisées. Seul un code-barre permet, en cas de problème, de remonter au donneur.
Chaque semaine, 5 500 poches de globules rouges sont distribuées sur la région Grand Est. Dans l’idéal, l’EFS devrait disposer de 10 000 poches d’avance. Il y en a actuellement 6 400. Ce n’est pas alarmant, mais il faut tout de même faire attention. « Nous avons des périodes de tension, ça peut être compliqué », reconnaît le docteur Christophe Brullard. D’autant que le sang est une denrée qui ne peut pas être conservée ad vitam æternam.
… à la transfusion sanguine
Depuis Nancy, les poches de sang sont envoyées au centre hospitalier Geneviève-de-Gaulle-Anthonioz. Sur chacune, sont indiquées les informations essentielles, notamment le groupe sanguin et le rhésus. Dans le dépôt de sang, les concentrés de globules rouges sont stockés dans des frigos, entre 2 et 6°C. Ils peuvent être gardés ainsi 42 jours. Mais une fois données aux soignants qui en font la demande, les poches doivent être transfusés dans un délais de 6 h maximum. Cette durée est la même pour chaque produit sanguin, mais le plasma est pour sa part congelé (il peut être conservé trois ans) et les plaquettes sont maintenues à température ambiante. Sous agitation constante, elles ne peuvent être conservées que sept jours.
Une fois la transfusion effectuée, et en cas de complication, il est toujours possible de remonter jusqu’au donneur. Les tubes ayant été analysés par l’EFS sont congelés pendant deux ans. Mais évidemment, dans l’écrasante majorité des cas, aucun incident n’est à déplorer.
Dorian Lacour