Examen de rattrapage – L’édito de Patrice Chabanet
Emmanuel Macron a le verbe facile. Il en use et en abuse parfois. Preuve en a été apportée hier soir lors de son interview accordée à France 5 à partir de l’Elysée. La longueur de l’exercice – plus de deux heures – y est sans doute pour beaucoup. L’inconvénient de la formule est évident : les messages sont dilués dans de longues explications. On perd le fil du raisonnement.
Le chef de l’Etat était attendu sur le terrain de l’immigration, après les pénibles et désolants débats parlementaires. Pour résumer, il a pris acte du vote de l’Assemblée nationale en reconnaissant que certaines dispositions du texte ne recueillaient pas son assentiment et que le Conseil constitutionnel lui donnerait raison.
Au passage, il a dirigé un tir nourri contre Marine Le Pen, citée à de nombreuses reprises. Le danger de la méthode est de mettre en valeur une adversaire que l’on veut dévaloriser, de la placer au milieu de la pièce qui se joue actuellement. Cela dit, et cela n’est pas innocent, il a effacé la gauche et la droite classiques. Une manière d’apparaître comme le seul représentant d’un centre modéré entre la Nupes et le Rassemblement national.
On aurait aimé en savoir plus sur la poursuite du quinquennat. La Ve République est en train de passer du bipartisme à la tripartition. Cela suppose une nouvelle manière de gouverner, avec des alliances nouvelles. Qui peut croire que le tohu-bohu parlementaire tel qu’on vient de le vivre pourra se renouveler, sans débordement et sans blocage total du système ?