Un après-midi dans la peau du Père Noël
J’AI TESTÉ POUR VOUS… Être Père Noël durant un après-midi. Une expérience à la fois curieuse, étrange, satisfaisante également. Et riche d’enseignements, assurément, réalisée dimanche 17 décembre au centre-ville de Saint-Dizier. Récit.
Dimanche 17 décembre, dans la galerie Marius-Cartier, en plein centre-ville de Saint-Dizier. Anne-Laure Delhay Trameaux, photographe professionnelle, installe son décor qui lui permettra d’immortaliser les enfants avec le Père Noël. Le fauteuil, la boîte aux lettres, la hotte remplie de papillotes… Il ne manque plus que l’homme à la barbe blanche. Mais c’est moi !
Après mon collègue en lutin de saint Nicolas, me voici donc vêtu de tout ce qui fait que l’on reconnaît de loin la personnalité préférée des enfants au mois de décembre : pantalon et gilet rembourré, bonnet, bottes, gants, longue barbe blanche. Et les petites lunettes rectangulaires pour la touche finale. Me voilà prêt à passer trois heures, 95 % du temps assis dans le fauteuil, à voir la réaction des bambins.
Les réactions sont diverses et variées. Doux euphémisme. On passe de l’enthousiasme exacerbé, aux pleurs et à la crainte de s’approcher, en passant par les déclarations d’amour. Une amie nous fait passer un message : « Une maman que je connais va venir avec sa fille. Elle s’appelle Méline. Il faut que tu lui dises de bien rester en place la nuit et de faire de gros dodos. » Message bien reçu pour cette mission de la plus haute importance. S’il a fallu répéter la missive à l’intéressée, sûr qu’elle n’est pas passée dans l’oreille d’une sourde, à quelques jours seulement de mon passage.
« J’ai fait quelques bêtises cette année mais… »
« On laissera la porte-fenêtre ouverte, comme d’habitude », lâche une maman quelques secondes plus tard. « Contre un verre de lait et quelques biscuits pour mes rennes, pas de problème. » Vient le tour de Maelys, toute impressionnée. Mais qui a eu le courage de me faire une confession : « J’ai fait quelques bêtises cette année mais j’ai fait des améliorations. » Bichette. Même si ses parents semblent plus mesurés sur les progrès, je crois en la bonne parole de la jeune fille qui n’a pas été trop gourmande au moment de rédiger sa liste. A l’inverse de ce garçon qui m’a rappelé – avec toutes les lettres reçues, j’ai avoué ne plus m’en souvenir – toutes les consoles commandées pour le 24. « Pas trop d’écran, tu me promets ? », lui dis-je. Pas certain, sur ce coup, que ma demande soit entendue. Lenny, de son côté, joue franc jeu. « Tu as été sage cette année ? » « Non. » « Même pas un peu ? » « Non. » « Bon je compte sur toi pour changer les choses ? » « Oui. » Mission réussie semble-t-il.
Normalement, avec le pouvoir que j’ai sur le sort de pas mal de listes, je devrais être écouté. Après, beaucoup ne comptent pas sur moi : certains passent sans dire bonjour, d’autres ne me voient même pas. C’est assez marginal heureusement, sans quoi l’après-midi aurait été long. J’en ai profité pour maintenir la pression : Mamie a beau ne plus vraiment croire en moi, elle aussi se doit d’être sage toute l’année ! Sinon, pas de cadeau.
N. F.