Paul Ermio, le soin de l’écriture
PORTRAIT. Pascal Poinsenot, de son nom de plume Paul Ermio, était en dédicace de son dernier ouvrage, vendredi 15 décembre, à la médiathèque Marcel-Arland. Portrait d’un iconoclaste humaniste, qui a vu dans la littérature et la dramaturgie le meilleur moyen de soigner sa maladie.
« Je me soigne avec l’écriture ! ». Tout sourire, Pascal Poinsenot – de son nom de plume et de scène Paul Ermio – dédicace avec bonheur son dernier ouvrage. Ce vendredi 15 décembre, il était à la médiathèque Marcel-Arland pour présenter son livre tout fraîchement sorti des imprimeries, en début de semaine : « La fondation de Montréal – 1642 ».
Ce nouvel opus, écrit avec le soutien de l’association Langres-Montréal-Québec, présente le portrait romancé, illustré (par de nombreux dessins réalisés par Paul Ermio lui-même), des quatre co-fondateurs de la cité de Montréal, dont la Langroise Jeanne Mance. Jeanne Mance… Un véritable coup de foudre, le point de départ d’une vie dédiée à la culture pour Pascal Poinsenot, ce Langrois pur sucre né en 1956. « A l’âge de sept ans, j’ai commencé à connaître Jeanne Mance. Le Père Hugues venait souvent à la maison et, à la fin du repas, il me racontait toujours des pans de la vie de Jeanne Mance ».
Après des études religieuses, notamment au Petit séminaire, Pascal Poinsenot quitte la sphère catholique. Il ne prendra pas les ordres, mais… veillera à son maintien. C’est une carrière de policier qu’il embrasse tout en développant, en parallèle, une passion née durant ses études et qui ne le quittera plus : celle du théâtre. « En 1975, je fonde à Langres ma première troupe théâtrale : la Compagnie des deux masques. On joue notre première pièce : « Jean de la Lune », de Marcel Achard ».
Un précurseur humaniste
Beaucoup d’autres suivront. En 1984, alors qu’il est désormais en poste, comme officier de police, à Montbéliard, Pascal Poinsenot fonde « la Compagnie Paul Ermio ». Un nom qui résonne tout simplement avec le pseudonyme qu’il s’est choisi l’année précédente : « C’était en 1983. J’étais en tournée et, à Saint-Mihel, je fais la rencontre de Gaston, des Compagnons de la chanson. Il me dit qu’il veut jouer avec moi ! Nous devons former un duo mais, pour ça, je devais trouver un pseudonyme et en quinze minutes. J’ai choisi, dans la précipitation, le prénom de mon oncle, Paul, et le nom de quelqu’un qui me faisait rire quand j’étais jeune, Miot. Cela a donné Paul Ermio. C’est resté depuis… ».
Volontiers touche-à-tout, iconoclaste, Pascal Poinsenot/Paul Ermio continue d’écrire de nombreuses pièces, et quelques livres romancés. Il écrit aussi, au fil des ans, plus de 2 000 chroniques pour Radio France Besançon et Belfort, et écrit une douzaine de scénarios pour France 3 Franche-Comté. Parallèlement, il poursuit sa carrière de commandant de police, en inventant avant l’heure la « police de proximité » : « On m’appelait parfois l’assistante sociale. J’avais de très bons liens avec les jeunes des quartiers sensibles de Montbéliard, on a fait du théâtre, je les aidais à se faire embaucher… Je l’ai fait en fonction de mes convictions : avec humanisme ».
Depuis sa retraite, Paul Ermio souffre d’une maladie neuro-dégénérative, la maladie à Corps de Lewy : « On me donnait six mois à vivre, je suis toujours là des années après. Je revis quand j’écris ». Outre « La fondation de Montréal – 1642 », Paul Ermio a signé, cette année, la pièce « Les Mystères de la Vallée » jouée cet été à la chapelle de Presles. Et il prépare, pour mars prochain, un exercice d’un nouveau genre : son autobiographie. Sans aucun doute, il y prendra… le plus grand soin.
N. C.