L’ancien pharmacien de Neufchâteau reste introuvable, son fils écrit à Julien Courbet
Trois mois que l’ancien pharmacien de Neufchâteau Bruno Poirson s’est volatilisé, évaporé. Son fils Hugo raconte comment on le lui a appris, les investigations des gendarmes… et son désespoir. Il a écrit à Julien Courbet.
« Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 septembre, ma belle-mère m’a appelé ». Le mobile d’Hugo Poirson est sur vibreur, elle laisse « plusieurs messages ». L’alerte lumineuse finit par le réveiller, il la rappelle. « Ton père a disparu ». Interloqué, Hugo demande des précisions. « On ne le trouve plus », lui dit-elle. Prévenu, un voisin trouve le domicile « tout ouvert, y compris le portail, les clés sur la porte, le chien dans la cour ». Hugo saute dans sa voiture. Il est à Neufchâteau « vers 4 ou 5 h ». Les gendarmes lui téléphonent à 7 h, confirmant la disparition de son père. Sur place, le fils le « cherche » aussitôt.
Ratissage tous azimuts
Dimanche 24, « les gendarmes inspectent les alentours du domicile de papa avec un hélicoptère équipé d’une caméra thermique ». Le brouillard complique l’opération. Un Saint-Hubert est acheminé « en fin d’après-midi », qui « marque au niveau d’Intermarché » ; puis un autre, « également un Saint-Hubert, venu d’Orléans », qui « marque au niveau du Leclerc, à l’opposé ». Son flair le fera aussi tiquer à l’arrêt de bus en face de l’hôpital, relate Hugo. « J’ai filé à Nancy, au cas où mon père aurait rejoint le CHU en car ». Et ajoute que « tous les chauffeurs ont été entendus, les caméras de vidéosurveillance, visionnées ». C’est aussi à l’aide de drones que les militaires travaillent. « Du lundi au samedi ». Un troisième Saint-Hubert « marquera un autre lieu ». Des plongeurs de Metz sont alors mobilisés pour explorer la Meuse. « Le 24 septembre, il y avait 50 cm d’eau… », pointe Hugo Poirson. « Les gendarmes ont fait des battues ». Le fils en effectue aussi, à titre personnel. Dans l’enquête de voisinage des militaires, « peut-être faut-il retenir le témoignage d’un voisin ? ». Hugo rapporte qu’il en est en effet un qui aurait vu son père le jour de sa disparition, auprès d’une camionnette blanche. « Il gesticulait, selon ce témoin ». Un véhicule de chantier aurait déjà gêné une fois son père, qui était empêché de sortir le sien, précise-t-il, sans rien en déduire.
« Samedi dernier, on cherchait encore mon papa »
« Ma belle-mère, ma demi-sœur, et moi-même avons été auditionnés ». Et puis, « au bout de quinze jours » plus rien, déclare le fils, éprouvé. De son côté, avec ses proches, ils ont « continué ». En sollicitant des voyants, des mediums… « Pas plus tard que samedi dernier (9 décembre, NLR), avec ma belle-mère et ma fille, on cherchait encore mon papa ». Hugo retient la coïncidence de la disparition de l’octogénaire et de Lina (dans le Bas-Rhin), samedi 23 septembre : « le même jour, la petite à 10 h ; mon papa entre 16 h 30 et 20 h ». L’emploi du temps de son père ce 23 septembre a été reconstitué. « Le matin, il est allé chercher des médicaments à Coussey ». Il a eu deux accidents, à la suite. « Un rétro accroché en croisant un véhicule, puis un choc frontal ». Aux conséquences sans gravité, souligne-t-il. Toutefois, Bruno Poirson « fait un check-up à l’hôpital ». Rentré chez lui, il mange un morceau, se change pour jardiner – des voisins le voient.
« On n’arrête pas de se faire des films… »
Et l’ancien pharmacien de Neufchâteau s’évapore. « Sans ses papiers, sans ses deux mobiles, sans un manteau ». Vendredi 8 décembre, Hugo et ses proches se sont portés parties civiles, maintenant qu’ « un juge d’instruction a ouvert une information judiciaire ». Pour avoir accès au dossier. « Mon papa avait pris sa retraite il y a vingt ans. Jamais il n’a eu de problème avec qui que ce soit. Ses passions ? Les promenades dans les bois et le jardinage ». Pas d’heure sans se demander ce qui a pu lui arriver, ce samedi maudit. « Une altercation qui a mal tourné ? Il aurait eu un malaise et on aurait eu peur d’être accusé de l’avoir tué ? On n’arrête pas de se faire des films… ». Pas d’heure sans songer au traitement médicamenteux de la pathologie cardiaque de son père. L’espoir de le retrouver vivant est réduit à peau de chagrin. La volonté de le retrouver reste en revanche intacte, même s’il est mort, et Hugo semble convaincu de cette issue tragique.
Le fils cherche de l’aide, tous azimuts. Il vient d’écrire à Julien Courbet.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr