“Gueules Cassées” : un film sur les ravages de la drogue

Le film documentaire “Gueules Cassées” a été projeté vendredi 24 novembre, dans la salle multifonctions de Sommelonne, en présence des deux réalisateurs : Allan Henry et Nicolas Bourgouin. Il s’agissait de la première participation de la Calvinothèque au “Mois du doc”, en partenariat avec le Département de la Meuse, la Bibliothèque départementale, la communauté de communes des Portes de Meuse et Image’Est. Une cinquantaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles Michel Loisy, président de la Codecom, Sébastien Legrand, vice-président, Roland Dufour, maire du village, avec la participation technique des Micro-Folies des Portes de Meuse. “Gueules Cassées”, ce n’est pas comme son titre pourrait le laisser supposer, les blessés de la Première Guerre mondiale. Il s’agissait plutôt d’hommes marqués par les ravages de la drogue et plus particulièrement en Meuse. Le Dr Dominique Guirlet, médecin addictologue, était présent pour l’occasion.

Allan Henry a réalisé le rêve qu’il avait lorsqu’il jouait, gamin, avec ses amis à Dieue ou à Dugny, où ils ont grandi. Il est devenu journaliste. Mais ses copains meusiens, Kevin et Anthony, ont pris des chemins différents. Ils ont sombré dans l’héroïne. Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Pourquoi eux et pas lui ? Allan a voulu raconter leur histoire et surtout comprendre pourquoi ces villages aux alentours si tranquilles sont devenus des hauts-lieux de la drogue. Des témoignages bouleversants, parfois insoutenables de vérité. Anthony et Kevin y racontent leur première fois, l’irrésistible dépendance, la prison, l’appartement thérapeutique, les rechutes, la douleur du manque, l’engrenage sans fin. La souffrance des proches avec ce tête-à-tête entre Kevin et sa grand-mère. Des images aussi d’Allan, non pas d’Allan le journaliste, mais d’Allan personnage de cette histoire. La coréalisation avec Nicolas Bourgouin a permis de trouver la juste distance entre implication personnelle et réalité.

La projection a été suivie d’un débat du public avec les deux réalisateurs et le Dr Dominique Guirlet, filmée elle aussi à plusieurs reprises avec son équipe. La drogue est-elle une fatalité ? Comment se libérer de la dépendance ? Qu’est-ce qui fait que l’on s’en sort ou pas, que la vie bascule d’un côté ou de l’autre ? Pourquoi nos campagnes sont-elles aujourd’hui si durement touchées ? S’il est difficile, comme l’a expliqué Dominique Guirlet, de dresser le portrait-robot d’un consommateur, avec autant de profils que de patients, il y a presque toujours à l’origine quelque part une rupture ou une histoire compliquée. Et face à tout cela des moyens malheureusement insuffisants.

La situation décrite dans le film, qui a été tourné en 2019, s’est encore aggravée depuis le tournage. Les échanges, qui ont fortement questionné les participants, se sont poursuivis bien après la fin du débat.