Quadras et quinquas en thérapie de reconversion
La journée nationale de la reconversion professionnelle avait lieu, mardi 21 novembre. En terres bragardes et aux alentours, cette option semble davantage prise par des actifs et demandeurs d’emploi en deuxième partie de carrière. Zoom sur ce phénomène, pas si nouveau.
Dans les locaux de l’Afpa, assis à une table au fond de la salle, Mohammed attend de pouvoir échanger avec les professionnels présents. Si le postier rémois de 50 ans, a décidé de faire tous ces kilomètres pour se rendre en cité bragarde, ce mardi 21 novembre, c’est pour parler avenir. « Je veux me renseigner pour faire une reconversion. Ce n’est qu’une idée, mais j’aimerais bien devenir mécanicien », nous explique-t-il, café en main, avant de préciser que l’envie lui est venue durant l’été 2022. « Je fais de la mécanique durant mon temps libre. J’ai eu le déclic en montant et démontant tout seul la crémaillère de ma voiture. »
« Souvent, c’est des gens qui ne peuvent plus exercer leur métier ou qui, à un moment donné, n’aspirent plus à le faire. »
Ce changement de vie, d’autres actifs de sa génération y songent. « Lors de reconversions, ce sont plus des publics séniors qu’on rencontre en formation. On est plus sur une moyenne d’âge comprise entre 45 et 60 ans », explique Vanessa Ruffieux, formatrice pour Diagoriente, structure d’accompagnement basée à Bar-le-Duc, couvrant la région Grand Est. « Souvent, c’est des gens qui ne peuvent plus exercer leur métier ou qui, à un moment donné, n’aspirent plus à le faire. »
Un constat également dressé par Sarah Garcia, responsable de l’antenne Poinfor à Saint-Dizier : « On sera plutôt sur de la quarantaine avec des gens qui ont déjà eu un parcours professionnel bien rempli. Lorsque c’est en dessous, c’est plus dû à des incompatibilités liées à leur état de santé. En revanche, on a de plus en plus de gens de plus de 50 ans qui souhaitent se reconvertir. » Le phénomène ne serait en rien nouveau pour Jérôme Flamant, conseiller en formation pour le Greta sud champagne, qui note que depuis plusieurs années déjà, même si les moins de 26 ans sont bien représentés, deux tiers des formés ont généralement entre « 26 et 55, voire 60 ans quasiment ».
Un phénomène constant depuis plusieurs années
Contrairement à ce que pouvait laisser penser la faible présence de visiteurs, ce mardi matin, à la journée de l’Afpa dédiée à la thématique, la reconversion professionnelle reste une voie prise par bon nombre de personnes. « C’est de l’ordre de 10 % avec plutôt des salariés », chiffre pour sa part Jean-Baptiste Mourlam, responsable formation du centre Afpa bragard. « C’est stable par rapport aux années précédentes. On est aussi stable au niveau de nos secteurs d’activités, à savoir le bâtiment, l’industrie, la mécanique auto… » Une constance qu’a ressentie Jérôme Flamant : « Entre 30 et 50% de nos effectifs, principalement des demandeurs d’emploi, sont sur de la reconversion. C’est ni plus ni moins qu’avant. »
« Ces derniers temps, ça se stabilisait, mais depuis quelques semaines, on voit de plus en plus de reconversions. »
Du côté de Poinfor, le phénomène semble néanmoins s’accentuer. « Ces derniers temps, ça se stabilisait, mais depuis quelques semaines, on voit de plus en plus de reconversions. On a un marché de l’emploi qui se tend, donc on a des personnes qui se disent « je vais faire quelque chose avant de ne plus pouvoir retrouver de boulot » », explique Sarah Garcia. La responsable note que si le secteur du transport, recruteur, attire les candidats, celui du sanitaire et social, malgré ses nombreux débouchés, est délaissé.
Celles et ceux qui ont osé franchir le pas en sollicitant toutes ces structures ne seraient que la partie émergée de l’iceberg. Selon un sondage Ifop, en début d’année 2023, 52 % des Français salariés songeaient à quitter leur emploi ou à changer d’activité.