Sceaux ou la passion de saint Mammès
HISTOIRE. S’il a donné son nom à la cathédrale de Langres, qui abrite la plupart de ses reliques, Mammès de Césarée, devenu saint Mammès, bénéficie d’un culte notable à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine. Un engouement qui a permis à la cité d’obtenir, au XVIIIe siècle, une partie du trésor conservé au sein de la cathédrale langroise.
Langres n’est pas la seule ville de France à vouer un culte à Mammès de Césarée, dit saint Mammès. Elle a même été la seconde, historiquement, à le faire. La cathédrale langroise n’est dédiée à saint Mammès “que” depuis le début du XIIIe siècle, lorsque ses reliques ont été translatées (c’est le terme consacré) en son sein. Mais Mammès de Césarée était célébré, déjà un siècle auparavant, en région parisienne. C’est à Sceaux, dans les actuels Hauts-de-Seine (92), qu’une chapelle est édifiée, aux alentours du début du XIIe siècle, en culte au martyr de Césarée.
Cette chapelle deviendra, au fil des siècles, l’un des principaux édifices religieux de la ville de Sceaux : l’église saint Jean-Baptiste. Les paroissiens se sont donc voués à un autre saint, mais la chapelle, devenue absidiale et latérale, dédiée à Mammès a continué à exister et à prospérer. Jusqu’à un certain point. En 1726, le duc du Maine, qui est également le seigneur de Sceaux, déplore une diminution du culte autour de saint Mammès. Il a alors une idée pour le faire revivifier, celle de faire appel à son neveu, Mgr de Pardallian de Gondrin d’Antin, qui n’est alors autre que… l’évêque de Langres.
Une relique toujours visible de nos jours
Le duc sollicite le don d’une relique du saint. L’évêque-neveu y consent et, ainsi que jhm quotidien l’a relaté dans son édition du 14 janvier 2022, une partie de l’humérus (1,5 cm très précisément) est exhumée et découpée pour être translatée en direction de l’église saint Jean-Baptiste de Sceaux. Elle y est accueillie par l’archevêque de Paris en personne, Mgr Louis-Antoine de Noailles, le 22 septembre 1726. Le duc du Maine, quant à lui, a fait réaliser pour l’occasion un splendide reliquaire doré dans la chapelle latérale, dans lequel l’humérus est installé.
Par la suite, l’église saint Jean-Baptiste continue d’honorer saint Mammès. Un tableau le représentant en berger est installé au-dessus du reliquaire, au début du XIXe siècle, grâce à un don du propriétaire du château de Sceaux. En 1898 et 1899, un grand travail de remplacement est réalisé sur le vitrail de la chapelle, par le célèbre maître verrier Emile Hirsch, qui choisit de représenter Mammès apprivoisant le lion censé le dévorer.
L’ensemble, reliquaire inclus, est toujours visible, de nos jours, en l’église saint Jean-Baptiste de Sceaux, ouverte au public. Avis aux Langrois amenés à être de passage dans les Hauts-de-Seine : l’humérus jadis langrois y est toujours honoré.
N. C.