Arno
Comme à Ostende
A l’aube, lorsque le soleil vient illuminer la bruine, les bars d’Ostende se vident et laissent s’échapper des mecs aux gueules burinées et aux idées sombres. Dimanche soir, à Villegusien, tout un chacun a pu se nourrir de la douce et joyeuse folie d’un dandy du plat pays venu ancrer son vague à l’âme du côté du quai des anges.
On ne présente plus Arno. Ceux qui voyaient en lui du Gainsbourg et une bonne dose d’Higelin ont appris que l’homme se suffisait à lui même. Pantalon noir, chemise sombre, veste élimée et pompes à mille dollars, l’écorché vif n’a pas tardé à faire battre les cœurs. Frais comme le muscadet du matin, toutes plèvres dehors, Arno a fait étalage de tout le rock’ n’rool qu’il a lui, sans forfanterie, «avec de l’élégance et puis du style» comme le disait monsieur Léo.
Le répertoire d’Arno fleure bon la bière, la clope, le génie et le désespoir. La douce odeur est entêtante. Solide comme le roc(k), le Flamand à la crinière poivre et sel a tenu en respect ses copains d’un soir. Ebahis par un déferlement de notes, sonnés par l’impact des mots, 3 000 fêtards du dimanche soir en ont pris plein la gueule deux heures durant. Avant de s’en aller là où le talent l’appelle, “Arno le grand” a volé un peu des émotions de chacun. L’intimité d’un homme noyé dans les yeux de sa mère a quelque chose d’universel. T’as raison l’Européen : «Ça fait moins peur de mourir à plusieurs.»