“Morts pour la France” : « A nous le souvenir, à eux l’immortalité »
Un important travail mémoriel a été réalisé avec les élèves de cours moyen du groupe scolaire Yvonne-de-Gaulle, autour de la notion de “Mort pour la France”, dans le cadre des cérémonies du 11 novembre. Francis Retournard, du Souvenir français de Haute-Marne – partenaire du projet -, est intervenu dans les deux classes, vendredi 10 novembre.
En amont de cette rencontre, les enseignantes avaient demandé aux élèves de cycle III de mener l’enquête dans leur famille et dans leur commune – le regroupement de Colombey en compte un certain nombre – pour recenser, au cimetière et sur le monument aux morts du village, le nombre et le nom des habitants “Morts pour la France”. Francis Retournard a reconnu s’être intéressé à cette question assez tardivement, à l’âge de 30 ans, en se penchant sur la biographie d’un de ses aïeux. Depuis, il se passionne et s’engage au quotidien auprès de la jeunesse pour transmettre son savoir. Il est membre du Souvenir français dont la devise est « A nous le souvenir, à eux l’immortalité ».
Au cours d’un échange très instructif, l’ancien professeur des écoles a donc retracé l’historique de la mention “mort pour la France”, née en 1915, un an après le début de la Première Guerre mondiale : « Tous les soldats morts sur le champ de bataille devaient être enterrés dans des nécropoles nationales, vous savez ce que veut dire le mot “nécropole” ? C’est un grand cimetière (…) Ainsi tout cela était organisé par l’Etat, avec la garantie que les tombes seraient bien entretenues. Mais après la guerre, en 1920, c’était différent, les familles ont voulu récupérer leurs morts. Or en sortant des nécropoles, elles perdaient tous leurs droits ; et entretenir une tombe, ça coûte cher (..) D’autant que la majorité des soldats disparus étaient très jeunes, entre 20 et 30 ans, vous avez pu le voir en notant leur âge quand il était écrit sur le monument, donc il n’y avait pas de descendance après eux pour entretenir les tombes. Voilà comment le Souvenir français est né ». Pour qu’on n’oublie pas le sacrifice de tous ces jeunes soldats, et qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.
« Vous m’êtes d’une aide précieuse ! »
Toujours en se basant sur l’enquête préliminaire des écoliers, et en la comparant avec les relevés du Souvenir français (« Vous voyez, on a oublié une tombe à Daillancourt, vous m’êtes d’une aide précieuse ! »), les jeunes ont pu prendre conscience du travail considérable que fournissent les associations telles que le Souvenir français ou des sites de référence comme “Mémoires des hommes”, qui ont pour mission de sauvegarder le patrimoine et la mémoire.
Les notions de Soldat inconnu, de Poilu, de Flamme sacrée ou encore l’importance des drapeaux, des monuments funéraires et des cérémonies du souvenir ont été expliquées de façon claire au cours de cette rencontre. L’échange a permis aussi aux enfants de s’exprimer et de rendre compte des découvertes qui ont été les leurs au cours de cette enquête auprès de leurs proches, notamment leurs grands-parents. Car comme a pu le dire Francis Retournard au détour d’un échange avec une écolière qui parlait de son grand-père : « Quand un ancien meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».