Violences sur sa compagne qui « a pété sa crise » : deux ans de prison dont un an ferme
Placé en détention provisoire après avoir manqué à une des obligations de son contrôle judiciaire, Jordan Vercooren, 24 ans, a comparu devant le tribunal judiciaire de Chaumont vendredi 10 novembre. Qui l’a déclaré coupable de violences sur sa compagne, commises à Saint-Dizier, et l’a condamné à deux ans de prison, dont un an ferme.
« J’ai dit que je m’étais arrachée le lobe de l’oreille en enlevant mon pull ». Au médecin qui l’examine au service des urgences jeudi 7 septembre, Lise* tait que sa blessure est due à des violences de son compagnon. C’est le lendemain de son dépôt de plainte, dimanche 15 octobre, qu’un expert que les policiers l’ont invitée à consulter lui délivre 7 jours d’ITT. S’affranchissant des obligations de son contrôle judiciaire en date du 17 octobre, en entrant notamment en contact avec sa compagne, Jordan Vercooren est de son côté placé en détention provisoire le 27 octobre. Vendredi 10 novembre, il comparaît devant le tribunal judiciaire de Chaumont. La plaignante est dans la salle d’audience, elle pleure.
« C’est elle qui a pété sa crise »
« Je revenais de l’école où j’avais emmené ma fille, il s’est couché sur moi, en bloquant mes bras avec ses genoux. Il m’a mis des gifles, et il m’a étranglée ». C’est dans sa « dépo’ (sic) » que Lise a évoqué l’arrachage du lobe de son oreille. Dans le box des accusés, Jordan relativise cette blessure. « Le lobe, ça tenait déjà à rien (sic), elle mettait de grosses boucles ». Et puis, « c’est elle qui a pété sa crise ». Une explosion quotidienne dans leur foyer de Saint-Dizier, selon le prévenu. S’il reconnaît ses violences du 7 septembre, il ne faudrait pas que sa compagne en rajoute, non plus. Toutefois, oui aussi, il l’a prévenue ce jour-là qu’il « rester(ait) toujours avec (elle) », faute de quoi, il « lui pourrirait la vie ». Oui encore, Jordan a bien filmé leurs ébats sexuels avec son mobile, à son insu. Oui aussi, il lui a adressé deux vidéos via la messagerie d’un réseau social. Oui, enfin il l’a menacée de les diffuser à d’autres. Que le tribunal comprenne, « ça faisait trois ou quatre jours qu’(il) était sans nouvelle d’elle ». Et le prévenu de souligner qu’il ne l’a pas fait. « Mais le délit, c’est de les fixer », lui réplique le président du tribunal Emmanuel Roguet.
« Ça faisait une paire de mois que je lui demandais de partir »
« Ça faisait une paire de mois que je lui demandais de partir ». La plaignante soutient d’ailleurs que c’est le motif de la scène violente du 7 septembre. Une de plus, en réalité. Et, même si le président Roguet convoque le souvenir d’autres, en 2019, pour éclairer le contexte, en prenant bien soin de préciser qu’elles ne sont pas reprochées au prévenu à cette audience de vendredi 10 novembre, elles pèsent. La naissance de l’enfant de Jordan et Lise coïncide grosso modo au basculement de la vie du couple. Jordan est accusé d’avoir « rabaissé » sa compagne. « Le rabaissement, c’était donnant-donnant », rétorque-t-il, défendant l’idée d’une responsabilité partagée dans les relations qui partent de travers, et peu à peu s’installent ainsi tordues. La version de Lise, c’est tout de même « abusif ». Mais il ne dit rien du compte bancaire de sa compagne, dans lequel il s’est servi, et bien, le conseil de Lise Me Juliane Tribouley a les relevés bancaires. Cette mention va mettre en relief une précédente condamnation de Jordan, pour escroquerie.
« Bon père »
« Quand elle dit que ma fille est traumatisée… Alors que quand j’allais la voir à l’école, elle avait le sourire… ». Plus de ton à l’emporte-pièce cette fois, Jordan Vercooren cède à l’émotion. À la barre, la plaignante l’a d’ailleurs dit « bon père ». Pour la défense de son client, Me Maria Alfonso indique qu’il est en train d’effectuer les démarches pour reconnaître cet enfant. « S’il ne l’a pas fait à la naissance, c’est que sa compagne ne voulait pas lui signer le document dont il avait besoin ».
Après en avoir délibéré, le tribunal est allé au-delà des réquisitions du procureur de la république Denis Devallois, qui avait réclamé une peine de prison mixte de 16 mois, notamment – dont 12 ferme. Jordan Vercoreen a écopé de deux ans de prison, dont 1 an avec sursis probatoire renforcé pendant deux ans. Il interdit d’entrer en contact avec la victime, de se présenter à son domicile et il doit suivre des soins. Les intérêts civils feront l’objet d’une autre audience, lundi 5 février, à 8 h 45. Lise pleure toujours.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
(*) prénom d’emprunt.