“Le jour des caméléons” : tragédie grecque dans l’océan Indien
Face aux déprédations causées par les hommes qui n’ont pas su respecter sa beauté ni profiter de la disparité de ses richesses naturelles, une île de l’océan Indien dit sa révolte, sa tristesse, sa colère.
Ce petit bout de terre de 2 000 m2 qui fait penser à l’île Maurice, est aussi à présent le théâtre de barrières identitaires qui génèrent sans cesse des conflits. Une catastrophe se prépare…
Dans cette situation de tensions insupportables, un jour, quatre personnages vont, en se rencontrant, servir malgré eux de catalyseurs et déclencher une formidable explosion de violence.
Nandine, cinquantenaire, mariée à un juge, réalise ce jour-là que son mari ne la voit plus. Elle ne supporte pas d’être devenue invisible pour lui. Elle part.
Rémi, quadragénaire, célibataire, se sent lui aussi inadapté et inutile sauf pour la petite Sarah dont il s’occupe un peu.
Zigzag, un jeune caïd, assoiffé de vengeance, veut provoquer une guerre des gangs.
Sarah, une enfant de 10 ans, s’apprête à partir pour l’école dans sa robe blanche. Elle illumine toute cette noirceur.
La tension monte : «Le volcan social s’associant au volcan qui gronde sous la mer» et c’est l’explosion ! Un véritable cataclysme !
Pendant ce temps, des caméléons venus de Madagascar observent les humains de leur regard critique. Ils prophétisent : «Les hommes sont une espèce entropique… Donnez-leur le temps et ils se détruisent». Les caméléons attendent le moment d’investir cette terre qu’ils traiteront avec respect «pour retrouver l’île originelle».
“Le jour des caméléons”, d’Amanda Devi, est une sorte de roman d’anticipation, bâti comme une tragédie grecque avec unité de temps, de lieu, d’action et le chœur des caméléons en fond sonore, qui prédit un avenir violent à notre époque survoltée mais laisse une lueur d’espoir. Un beau texte poétique à l’accent prophétique écrit en Français par une Mauricienne de culture indienne, consacrée déjà par de nombreux prix littéraires.
De notre correspondante
Françoise Ramillon