Axel Clerget : « Une grosse déception »

Le champion olympique par équipes mixte à Tokyo, Axel Clerget, battu au deuxième tour par le Turc Zgank, était déçu et frustré de sortir tôt du championnat d’Europe, dimanche 5 novembre, pour son premier grand championnat en France, à Montpellier. Et ce malgré de bonnes choses et une superbe ambiance.

jhm quotidien : Comment analysez-vous cette élimination prématurée ?

Axel Clerget : « C’est avant tout une grosse déception. Mais il y a eu aussi des choses intéressantes et des bons indicateurs. Je me retrouve pour la première fois avec des mains fortes, de bonnes sensations. C’est mon premier championnat depuis le début de l’olympiade. Cela ne s’est pas transformé. Il faut que je m’habitue à avoir ces sensations. Je ne l’avais pas vécu depuis très longtemps. J’avais une excitation, une fraîcheur. Je suis fort depuis deux mois. Je reprends mon meilleur niveau. Je suis convaincu que cela va finir par payer. J’aurais aimé que cela soit là. Il faut que tout s’aligne. »

jhm quotidien : Quelle a été la clé du combat contre le Turc ?

Axel Clerget : « J’ai rencontré mon adversaire six fois avant l’Euro. J’en étais à 4-2 pour moi. C’est frustrant. Jesuis sur l’attaque, mais je manque d’action, d’impact sur lui. Zgank est très puissant. Je pense que je manque d’habitude de compétition avec ces sensations-là. Je me sens très bien à l’entraînement. Il me faut encore quelques compétitions pour gérer ces ‘’shido’’ (pénalités), ces temps morts. Il faut que je retrouve ces automatismes. Je pensais avoir des éléments pour aller loin dans la compétition. Je tombe contre le Turc contre qui je savais que cela serait difficile. Plus que contre le Tchèque voire même plus que le N°1 mondial et champion du monde. Zgank a été champion d’Europe, vice-champion du monde. On est dans une catégorie très forte en Europe, la plus forte, avec le champion du monde, le champion olympique, trois des derniers médaillés mondiaux sur quatre et cinq ou six champions mondiaux, plus une dizaine de médailles. On est proche du niveau des Jeux. »

Axel Clerget : « saisir la manche » de Zgank

jhm quotidien : Qu’est-ce qui vous gêne exactement chez Zgank ?

Axel Clerget : « C’est un judoka très puissant et statique. Il faut être patient. J’ai voulu jouer un jeu de pénalités. Sur l’action, je dois saisir la manche. Et je ne l’ai pas. J’ai eu une très bonne séquence, à un moment, où j’ai la manche. Je ne suis pas revenu sur cette stratégie. Lui joue bien le coup car il fait tout pour que je n’ai pas cette option. J’accepte une séquence qui dure longtemps. C’est une erreur. Au final, il attaque à ce moment-là. Je ne fais pas le travail. Je manque d’appui sur cette manche. Au sol, je ne suis pas loin de le prendre une première fois, et une autre où j’étais installé. C’est l’arbitrage. »

jhm quotidien : Il y a eu deux temps morts assez longs sur les deux combats, pour la tête et le doigt. Est-ce difficile ?

Axel Clerget : « J’ai l’expérience pour pouvoir le faire. C’est particulier, mais je sais faire. Ce n’est pas une excuse. »

« Génial de revenir en France »

jhm quotidien : Comment avez-vous trouvé l’ambiance à Montpellier ?

Axel Clerget : « C’est génial de revenir en France, et dans cette salle. Cela me rappelle clairement le tournoi de Paris. Tu as l’impression que c’est un mini Bercy. Les gens ont fait du bruit dès les premiers tours. C’est magnifique. Au début, on avait l’impression d’être un petit peu à l’étranger, avec l’hôtel. Mais dès que l’on arrive à la salle, tu ressens la ferveur. Tu reconnais tout le monde dans les coursives,mes trois entraîneurs de Pôle quand j’étais à Strasbourg. »

jhm quotidien : Quelle va être la suite ?

Axel Clerget : « Je ne sais pas du tout. Alexis Mathieu n’a pas gagné (7e). Les choses se compliquent quand même. On a clairement de moins en moins de cartouches avant la sélection des JO. Il reste le Japon, en décembre. J’espère y être aligné. Les sélections vont tomber rapidement. Clairement, je n’ai pas marqué des points. Maintenant, j’avance. Il me reste au minimum le tournoi de Paris, en février. Il faudra taper très fort là-bas. Les choses peuvent aller vite. Je ne devais pas participer ici. J’aurais aimé m’exprimer. Je ne contrôle pas beaucoup les sélections (sourires). »

Recueillis par N. Chapon