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Médecins solidaires dans la Creuse

Médecins solidaires, un espoir contre les déserts médicaux en Haute-Marne ?

Médecins solidaires dans la Creuse
Aujourd’hui, 300 médecins ont rejoint le collectif.

Alors que le Conseil départemental de la Haute-Marne a annoncé la création d’un centre de santé en 2024 et la mise en place de deux cabinets médicaux mobiles en 2025, jhm quotidien est allé à la rencontre de Médecins Solidaires. Dans la Creuse, ils ont mis en place une solution innovante pour lutter contre les déserts médicaux. Non seulement ça fonctionne, mais c’est transposable.

Deux ans. Deux ans que la petite commune d’Ajain, dans la Creuse, cherchait un médecin pour son village. Ses appels étaient restés vains, sa vidéo lancée sur les réseaux sociaux n’avait rien donné. Et puis Martial Jardel et Gabriel du Passage sont arrivés.

Le premier, jeune médecin généraliste, venait de boucler un tour de France des remplacements en camping-car, à la rencontre de ces populations sevrées de médecins dans leurs campagnes. Le second était l’un des responsables de Bouge ton Coq, le mouvement citoyen national connu notamment pour ses nombreuses actions en faveur d’ouvertures d’épiceries participatives. « On s’est dit : ‘‘si on ne peut pas demander beaucoup de contraintes à peu de médecins, alors demandons peu de contraintes à beaucoup de médecins’’ ».

De cette idée simple mais pourtant géniale est née l’association Médecins Solidaires, en 2022. En octobre de la même année, ouvrait le premier centre de santé à Ajain, dans un Algeco. En juin suivant, naissait son petit frère, à quarante kilomètres de là, toujours dans le même département. « Un troisième va ouvrir dans les prochains mois à peine, dans un département limitrophe », confie Gabriel du Passage. Impensable voici deux ans. Mais tout sauf miraculeux.

Les médecins donnent chacun une semaine de leur temps

Le modèle économique totalement inédit fait la force du concept. Dans ce collectif de médecins, chaque généraliste s’engage à donner une semaine de son temps pour le centre de santé. « On a inventé le temps partagé solidaire, des contrats courts d’une semaine, avec toutes les difficultés administratives et juridiques à surmonter puisque cela n’existe pas », indique Gabriel du Passage.

Et voilà comment, en un an presque jour pour jour, Médecins solidaires a réuni 300 médecins séduits par le projet, bien plus qu’il n’en faut pour faire tourner un centre de santé. « A raison de 52 semaines par an, ça fait une cinquantaine de médecins nécessaires sur chacun de nos deux centres », résume Gabriel du Passage. Les médecins viennent de partout en France, mais évidemment pas des départements les plus rudement touchés par la pénurie.

« En lançant notre projet, on savait que les médecins allaient adhérer. Ils sont bouleversés par la situation et en allant dans ces territoires, ils retrouvent la source de leur vocation. S’installer pour 30 ans en zone rurale, c’est très engageant », fait remarquer le responsable chez Bouge ton Coq. « En revanche, se libérer une semaine pour être acteur du changement, c’est faisable ». Et c’est ainsi que médecins remplaçants (40 %), retraités (30 %) ou libéraux (30 %) se sont mobilisés. Salarié chez Médecins Solidaires, chacun d’eux est rémunéré environ 1 000 euros nets la semaine, logé dans un gîte et défrayé pour les transports.

L’objectif ? 150 centres partout en France

En dix mois, le premier centre à Ajain a fait le plein de patients (1 000 à 1 200 possibles). Autant de personnes qui ne possédaient aucun médecin traitant et s’en retournaient aux urgences dès la moindre contrariété de santé. « On a remis du soin dans les campagnes », se réjouit Gabriel du Passage. « Mais si on veut aller plus vite, car l’urgence est maintenant, il nous faut de l’accompagnement financier pour les questions logistiques et le travail de recrutement », alerte-t-il. Car si Médecins Solidaires prend en charge les salaires et les frais de ses centres, il lui aussi rémunérer ponctuellement les personnes qui coordonnent la mise en place.

Avec 70 000 généralistes recensés en France aujourd’hui, Médecins Solidaires l’annonce : « si seulement 10 % d’entre eux répondaient à notre appel, une semaine par an, nous pourrions ouvrir plus de 150 centres en France. C’est l’objectif que nous avons en tête », confie Gabriel du Passage. Qui n’exclut pas, d’ailleurs, d’investir le territoire de la Haute-Marne à moyen terme. Un espoir pour des milliers de patients.

Delphine Catalifaud

d.catalifaud@jhm.fr

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