Abd Al Malik
«C’est du lourd, du lourd, un truc de malade…»
Pris aux tripes et transis par les mots, plus de 500 spectateurs ont salué, samedi soir, l’œuvre d’un virtuose de la vie. Ce temps fort de l’histoire culturelle de la cité marque le début d’une saison riche en émotions.
Au siècle dernier, Chaumont voyait défiler Brel et Ferré. Reggiani, Higelin, Thiéfaine, Murat, Helno – et toute sa troupe -, Hadji-Lazaro, Ringer, Chichin et anges de passage assurèrent un ardent devoir de mémoire. Puis vinrent Elodie Frégé et autres mendiants de la variété cloisonnés dans les catacombes des musiques mortes. A vouloir chanter pour exister, midinettes et bellâtres aux textes et cordes vocales acérées ont dénué la chanson française de son verbe, de ses folles tempêtes et tendres conquêtes. Samedi soir, la grâce a épousé les coeurs d’âmes conquises. Abd Al Malik, «c’est du lourd, du lourd, un truc de malade…» Un truc à charcuter les tripes, à équarrir les doutes et à dépecer les peines. C’est tellement chouette de vivre ensemble, au pays des frissons et misères de flanelle, loin de la rage et de la haine, si près du coeur, si près de Brel. Rimes et baisers sont autant de sprints gagnés sur la vie. Les mains tendues vers le ciel, la vie entre deux terres et le talent pour continent, Abd Al Malik a décliné avec une infinie tendresse une ode au partage. Libres, égaux, fraternels et transis par l’émotion, plus de 500 spectateurs ont jailli de leurs fauteuils. Comme un seul homme, grisée par une déferlante de sincérité, la foule s’est laissée emporter. Adl Al Malik a tout d’un grand. Respect camarade.