Un Mémorial sur l’esclavage en projet à Poulangy
Un Mémorial sur l’esclavage est en projet à Poulangy, village entre Nogent et Foulain. C’est ce qu’a annoncé le président de l’association du sauvegarde du patrimoine de Poulangy (ASPP). Pourtant, la Haute-Marne est bien loin des Antilles, d’Haïti ou des ports qui ont fait fortune en pratiquant le « commerce triangulaire »… Explications.
La commune de Poulangy a célébré le 175e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, vendredi 13 octobre. A l’occasion de cette commémoration, la Ville a honoré le docteur Alixia Poulangy, son frère l’ingénieur Samuel Poulangy et, à titre posthume, l’instituteur Daniel Poulangy en les faisant citoyens d’honneur de la Ville.
Pourquoi ? Il faut revenir plus d’un siècle en arrière pour le savoir. En 1848, à la seconde abolition de l’esclavage, en Guadeloupe, Florine et Marcelin se font enregistrer sur le registre des « nouveaux libres », document créant l’état civil des anciens esclaves. « Dans le contexte de nomination des esclaves, chaque officier a fait un peu à sa sauce », explique Christophe Dubois Rubio, le président de l’association du sauvegarde du patrimoine de Poulangy (ASPP).
Bijou, Moustache ou Macabé
Ces noms pouvaient être flatteurs, comiques ou polissons et, parfois, blessants, voire infamants. « J’ai trouvé par exemple les noms Bijou, Gentil ou Moustache, mais également des noms qui m’ont plongé dans le désarroi. Ce fut le cas pour une femme de 66 ans qui a travaillé dans les plantations, et dont on peut imaginer la fatigue du visage. Elle a reçu le matronyme de Macabé », indique l’historien.
Florine et Marcelin ont donc eu de la chance avec Charles-Anatole Léger, qui leur a donc donné le nom de Poulangy. Alixia et Samuel Poulangy sont les descendants de Marcelin.
Mémorial de l’esclavage : un projet avec des étudiants
A cette occasion, le président de l’association du sauvegarde du patrimoine de Poulangy (ASPP) Christophe Dubois Rubio a annoncé son nouveau projet avec la Ville, un Mémorial sur l’esclavage, en lien avec cette histoire particulière. « Ce ne sera pas un bâtiment en dur. Il y aura une partie consacrée à l’histoire de l’esclavage, de l’Antiquité à nos jours. Il y aura également trois oeuvres principales : une en hommage à Florine et Marcelin Poulangy, deux esclaves affranchis de la Guadeloupe, réalisée par le sculpteur Jacky Poulier, une sur l’esclavage moderne, par l’artiste Freddy Tsimba, et une autre sur la famille Vincheguerre, qui a libéré des esclaves chrétiens », explique Christophe Dubois Rubio.
Les porteurs du projet ont décidé d’impliquer les élèves de la section graphisme signalétique et scénographie du lycée Charles-de-Gaulle – diplôme national des métiers d’art et du design. Ces derniers imagineront l’aménagement du lieu. Les étudiants du BTS développement et construction en bois s’occuperont de la partie réalisation. Pour faire aboutir cet ambitieux projet, la Ville et l’association sollicitent l’aide des acteurs publics (Etat, Département et Région), et des mécènes.
Corentin Gouriou
c.gouriou@jhm.fr