Les murs ont la parole. Angélique, la fille chérie de Diderot
Poursuivons notre série dédiée aux proches langrois de Denis Diderot et évoquons sa fille Angélique. Si Angélique ne naît pas langroise, son destin croisera pourtant celui du Pays de Langres…
En 1753, après avoir perdu trois enfants en bas âge, Antoinette, la femme de Denis Diderot, met au monde Marie-Angélique. C’est le seul enfant de Denis qui survivra. Diderot adore cette petite fille, intelligente et vive, qu’il surnomme la bamboche ou la petite bonne. « Je suis fou de ma petite fille ! Ah mon ami, le joli caractère, la jolie âme ! Quelle femme on ferait de cet enfant, si la mère le permettait ». Si les relations deviennent tendues avec sa femme, elles sont complices avec sa fille. Denis et elle jouent à la dinette, à cloche-pied, à la main-chaude… Il faut, écrit-il, « se faire petit pour encourager les petits à se faire grands ». Denis s’amuse à faire philosopher Angélique alors qu’elle n’a pas 8 ans. Les propos étonnants de sa bamboche le ravissent. La fillette raconte par exemple que « la façon de penser de son papa ressemble à ses brodequins, qu’on ne met pas pour tout le monde, mais pour avoir les pieds chauds ».
Dans une lettre à Sophie Volant, Denis confie, « si je perdais cette enfant, je crois que j’en perirai de douleur : je l’aime plus que je ne saurais vous dire. En 1770, Denis revient à Langres pour préparer le mariage de sa fille avec un jeune homme issu de la bonne société langroise, Abel Caroillon de Vandeul. Didier-Pierre, l’oncle chanoine, refuse de bénir l’union prétextant qu’elle se marie avec un homme réputé « sans religion ». Après le départ de sa fille, Denis se sent seul, il lui écrit ces tendres mots… « Je te laisse aller avec une peine que tu ne saurais concevoir (…) au lieu de causer avec toi, comme autrefois, quand je causerai seul avec moi, que je puisse me dire en essuyant mes larmes : Je ne l’ai plus, il est vrai ; mais elle est heureuse. » La suite dimanche prochain.
De notre correspondante Angélique Roze