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Les anges gardiens des cimetières chaumontais

Les registres papier existant depuis 1893

Un duo de bonnes fées, sans baguettes ni robes ni chapeaux. En toute sobriété vestimentaire, Raphaël Naulot et Laure Kardasz sont respectivement conservateur des cimetières chaumontais et agent d’état civil. A eux deux, ils accueillent, accompagnent et conseillent les familles confrontées au deuil. Mais pas que.

Chaumont, c’est environ 250 décès par an. Ils seront là. Les trois cimetières municipaux peuvent dormir tranquilles. Jean-Louis Bangar, regretté gardien en titre durant 31 années, a été bien avisé lorsqu’il a passé le flambeau il y a deux ans. Raphaël Naulot et Laure Kardasz sont unanimes : « Aider les gens, les accompagner, les orienter. L’humain, voici notre métier. Et on adore ça ». De bonnes raisons de se sentir heureux, effectivement. Le quotidien n’exclut pas pour autant les chagrins, les inacceptables injustices de la vie, les inconsolables fidèles aux lieux. Mais comme l’explique Laure Kardasz, lorsqu’elle ferme les grilles des trois sites au soir tombé, « je me console en me disant qu’à présent, ils se reposent ». 

La mémoire locale

Sept mille cinq cents concessions répertoriées dans des registres papier, tout l’historique des disparus consigné à la main depuis 1893. C’est une véritable bibliothèque généalogique qu’entretiennent Raphaël Naulot et Laure Kardasz. « Nous travaillons à la numérisation des registres avec la Ville. Je suis en charge de la création d’un logiciel de gestion. Il faudra tout saisir, concession par concession », explique cette dernière. Raphaël Naulot s’en amuse : « A tous les coups, ce ne sera pas prêt avant ma retraite ! ». Lorsqu’il y a des demandes d’achat de concessions, c’est eux. Identifier et rendre son passé à un défunt, c’est eux aussi. Y compris pour le Souvenir Français. « On cherche, on découvre, on apprend. »

Vous avez dit insolite?

La mort est pour certains une étape comme une autre, semble-t-il. De drôles d’exigences font parfois sourire le quotidien : « A l’ombre ! Au pied d’un arbre !  Plein soleil c’est pas mal ? Avec vue dégagée s’il-vous-plaît ». A brader le repos éternel, le temps pourrait être long.

Vous avez dit amour?

Laure est particulièrement touchée par les inconsolables : « Un monsieur vient trois ou quatre fois par jour rendre visite à sa femme partie il y a quatre ans. Un autre vient quotidiennement déposer une fleur à son épouse décédée il y a six mois après 70 ans de mariage. C’est triste, mais c’est magnifique. Ca redonne foi en quelque chose ». Comme souvent, pour Raphaël et Laure, le tragique côtoie le sublime, surtout si le violoncelle résonne dans les allées du cimetière, tel qu’ils purent l’apprécier il y a encore quelques semaines. 

Elise Sylvestre

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