Eco hebdo : une sérénité bien relative
Pendant la guerre, les affaires continuent. Une hausse du prix du pétrole, mais pas d’emballement comme en 1973. Une inflation importante (autour de 6%), mais pas d’explosion, comme l’hyperinflation allemande de 1923 (près de…30 000 % en octobre). Pas de quoi s’affoler, pourrait-on en conclure. Ce calme n’annonce pas la tempête, estiment les analystes sommés de jouer les pythies.
Il serait sans doute plus avisé d’être prudent dans les prévisions. Tout est plausible, même son contraire. L’alerte nous est donnée par l’immobilier, avec des craquements sinistres en Chine. On sent bien que Pékin ne sait plus comment manipuler cette bombe à retardement. Le promoteur Country Garden vient de mettre un genou à terre, juste quelques semaines après un autre géant du secteur, Evergrande.
Dans le secteur pétrolier, le prix du baril n’a pas dérapé, en restant sous la barre symbolique des 100 dollars. La raison, géostratégique, en est simple : l’Arabie saoudite n’a pas lancé d’embargo comme elle l’a fait en 1973. Mais rien ne dit que la situation est figée. Tout dépendra du contexte politico-militaire. Allié traditionnel des Etats-Unis le royaume saoudien affiche pourtant un soutien de moins en moins discret au Hamas. Au cas où l’offensive israélienne serait dévastatrice, Ryiad pourrait en représailles fermer le robinet du pétrole de quelques tours. Sans parler de l’attitude de l’Iran qui n’attend qu’un enchaînement funeste pour faire plier Israël.
Tout se jouera dans les prochains jours. Les économies occidentales seront tributaires de ce qui se jouera sur le terrain. Elles ont appris depuis 1973 à réduire l’impact des chocs pétroliers. Les Etats-Unis sont devenus les premiers producteurs d’hydrocarbures, grâce au gaz et au pétrole de schiste. C’est rassurant…partiellement. Qui dit tension dit pression sur les prix ou sur les approvisionnements. L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) vient de mettre en garde contre de possibles pénuries de gazole en Europe. Explication : l’embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe. Une inquiétante alliance objective des conflits.
Patrice Chabanet