Raymonde Sarrey, la femme aux doigts en or
Elle voulait devenir styliste. Las, lorsqu’on est issu d’une famille de paysans au sein d’une fratrie de cinq enfants, à Heuilley-Cotton, il y a presque 80 ans… Mais ne l’est-elle pas devenue, styliste ? Raymonde Sarrey s’est éteinte mardi, à 17 h, à l’EHPAD de Riaucourt, en présence de son époux Michel.
Quelle vie ! quel combat pour la femme “aux doigts en or” qui ne se départissait jamais de son bienveillant sourire.
En 1968, elle épouse Michel Sarrey, qu’elle accompagnera ensuite à la direction de l’Institut rural de Buxières-les-Villiers. Elle lui donnera deux enfants : Valérie, puis Mickaël.
L’Institut organise un premier spectacle paysan qui accouchera en 1992 des Amis de Buxières. Le couple donne à l’association, inédite en Haute-Marne, un incroyable élan. Les spectacles historiques ont besoin de costumes, toujours plus nombreux, toujours plus fidèles, toujours plus beaux : Raymonde s’y emploie. Pour elle, tout était prétexte à créer. Donc, elle créait : bouquets, costumes, tableaux, poupées… Son ouvrage était marqué au sceau d’une minutie, d’une perfection, d’un goût qui suscitaient l’admiration, l’engouement. Elle transmettait. Elle partageait. Organisé, animé, galvanisé par elle, l’atelier de couture des Amis devenait une ruche admirable. D’un geste sûr, elle donnait la vie aux tissus, à la matière.
Parkinson s’empare de sa vie dans les années 80. C’est le début d’un combat qu’elle dirigera jusqu’au bout, déterminée.
En 2000, une opération supprime les symptômes invalidants de Parkinson, sans contrarier pour autant l’évolution du mal. Raymonde a fait de son incroyable habileté manuelle un art. Ce sont ses mains, tellement emblématiques, qui ont résisté le plus longtemps aux affres de la maladie.
Avec ses costumes, son énergie, Raymonde Sarrey a tant fait pour le développement et la réussite des Amis. Elle a aussi fait de sa famille un tout : cohérent, solidaire, bienveillant. Sans jamais se plaindre.
A Michel Sarrey, à ses enfants et petits-enfants, à sa famille et aux Amis, la rédaction présente ses sincères condoléances.