Accrochez-vous au guidon
Les rois du Rock’n’rool se produiront à Chaumont, samedi soir, dans le cadre des 24 h solex. Délicieusement déjantés et résolument provocateurs, les Wampas sont prêts à vrombir de plaisir. Leader du groupe, Didier Chappedelaine – alias Didier Wampas – annonce la couleur. La fête promet d’être folle !
Le Journal de la Haute-Marne : Vous usez très régulièrement de la provocation sur scène comme dans vos textes. Avec votre titre “Chirac en prison”, vous avez fait énormément parler de vous. Mais au fait, souhaitez-vous réellement voir l’ancien président de la République derrière les barreaux ?
Didier Wampas : «J’ai fait cette chanson après avoir vu un spectacle avec mes enfants sur la censure dans les théâtres au temps de Molière. Je me suis demandé si ça avait vraiment changé de nos jours. J’ai donc fait “Chirac en prison” en attendant d’observer les réactions et l’attitude des médias. Je ne tiens pas absolument à voir Jacques Chirac en prison. Mais s’il le mérite, qu’il y aille. Il faudrait encore que la justice ose véritablement s’attaquer à lui. Il faudrait surtout qu’elle puisse faire son devoir.»
JHM : Avez-vous été déçu ou satisfait de l’écho créé par ce titre ?
D. W. : «J’ai été plutôt content ! J’ai même été plus que satisfait puisque je ne pensais pas que cette chanson puisse avoir un tel écho. Je me doutais que cette chanson ne passerait pas à la radio et à la télé mais je ne pensais pas que les gens allaient autant en parler. Je n’ai fait qu’écrire une chanson d’amour dont le refrain est “Chirac en prison” et ce titre a fait énormément causer. Dans un sens, ça prouve qu’il y a un malaise en France.»
«Le pouvoir a changé de mains !»
JHM : Vous n’avez pas votre place à la télévision, hormis lors de la présélection pour le concours Eurovision 2007 et vos titres passent rarement à la radio alors que vous attirez plusieurs milliers de spectateurs lors de vos concerts. Comment vivez-vous cette situation ?
D. W. : «Nous attirons plus de monde lors de nos concerts que le vainqueur de la Star Ac. Il n’y a pas ou peu de musique classique et de jazz à la télé et à la radio et pourtant les salles sont remplies. Le rock est traité de la même façon par les grands médias et j’ai presque envie de dire que c’est tant mieux. Les spectateurs viennent nous voir. Nous ne nous imposons pas. Les consciences se sont éveillées en France ces dernières années. Certains groupes de rock commencent à passer de temps en temps à la radio ou à la télé ce qui n’était pas le cas auparavant. Les jeunes écoutent plus de rock qu’à une époque. Aujourd’hui, les gens ont le choix.»
JHM : Brel s’est moqué des notables et bourgeois, Brassens s’en est souvent pris à la police, Ferré au clergé… Avez-vous l’impression qu’il est de nos jours plus difficile de s’exprimer qu’à l’époque des trois grands hommes de la chanson française ?
D. W. : «Le pouvoir a changé de mains ! Le pouvoir n’est plus aux mains des hommes politiques, il est aux mains des patrons de grands groupes financiers. A l’époque de Brassens, la censure était organisée par l’Etat. De nos jours, l’Etat n’interdit pas les chansons, ce sont les patrons qui font en sorte de les rayer des grilles de programmation. Des programmateurs du groupe Lagardère (Europe 1, Europe 2, RFM…) m’ont expliqué que leur patron en personne avait demandé à ce qu’ils ne passent pas certaines chansons. Et comme les grands patrons sont souvent très proches du pouvoir…»
JHM : Vous êtes toujours salarié de la RATP. Vous considérez-vous comme l’Olivier Besancenot de la chanson ?
D. W. : «Un petit peu ! Nous utilisons le fait d’avoir encore une liberté dans le travail pour nous investir, dans mon cas, dans le monde artistique et dans son cas dans la politique.»