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« Je ne me l’explique pas encore » : quatre ans ferme pour agressions sexuelles sur mineures

Amateur de contenus pédopornographiques, nécrophiles ou zoophiles, le prévenu a agressé sexuellement deux de ses nièces. Décision ? Quatre ans de prison ferme. Et sept ans de suivi socio-judiciaire.

Le président Mathieu tend des photographies aux magistrats siégeant à ses côtés. Une mineure prépubère violée dans une cave, une enfant « d’à peine cinq ans » la bouche souillée de sperme, des vidéos, photographies et dessins à caractère pédopornographique par centaines. La nature de certains documents dépasse l’entendement à l’image de la photographie d’une autopsie : une enfant décapitée, « incisée au niveau de l’entre-jambes ». L’horreur. Pédophilie, nécrophilie, zoophilie… De simples fantasmes ? Le prévenu est passé à l’acte. Le prévenu aimait se mettre en scène en mimant des coïts avec la poupée d’une de ses nièces. La nièce devint poupée. Son oncle s’est filmé, habillé, en train de simuler un acte sexuel avec l’enfant, habillée, elle aussi. Une deuxième nièce a subi des comportements incestueux. Ces deux mineures sont respectivement nées en 2015 et 2016. Tonton est né en 1999. « Les enfants avaient cinq et six ans ».

Attirance pour les mineures prépubères

Repéré en mai 2021 grâce à la veille opérée par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, le prévenu, dont nous ne dévoilerons par l’identité afin de ne pas nuire plus encore aux victimes, dont une partage le nom du mis en cause, a rapidement reconnu une attirance particulière pour les mineures prépubères. Visé, en novembre 2021, par une perquisition menée à Maizières, cet homme aujourd’hui âgé de 24 ans a pourtant continué de consulter des documents à caractère pédopornographique. Cette persistance et l’identification de deux de ses nièces sur une partie des documents saisis auront entraîné un placement en détention provisoire en date du 13 juillet 2022.

Alors oui, ces agressions, ces photographies, tout ça, c’est immonde, mais il faut bien tenter de comprendre, de mesurer les degrés de prise de conscience et de dangerosité, de risque de récidive. Une naissance en Métropole, une enfance à La Réunion, « un déracinement », une famille, un frère, une sœur, devenue médecin, la mère d’une des victimes, une scolarité ponctuée par l’obtention du baccalauréat, un retour en Métropole, un second « déracinement », la mort d’un père, un homme « violent » – « Je n’ai pas ressenti grand-chose quand j’ai vu son cadavre, ça m’a perturbé » – et puis, une attirance honteuse pour les mineures. La consultation de photographies, innocentes, de mineures sur Instagram a rapidement laissé place aux frénétiques téléchargements de contenus d’une extrême violence. Pour le plaisir du prévenu. « Je me masturbais devant ces photos ».

Risque de réitération

Réfutant avoir été victime de violences de nature sexuelle dans son enfance, le prévenu a eu des petites amies de son âge. Des expériences manifestement compliquées. « Cette petite amie, je n’arrivais pas à l’assouvir sexuellement ». On devine une forme de complexe. « Sur les photos, avec une poupée, mon pénis paraissait plus grand ». Hospitalisé en milieu psychiatrique, « pour dépression », en 2018 et 2022, en proie à un trouble psychiatrique de nature schizo-affective, d’une « intelligence supérieure », guidé par un sens de la réalité « affaibli », bisexuel, reconnaissant une attirance pour les mineures prépubères et une fascination pour les accidents mortels – « Ça me donne m’impression de me raprocher de la mort » -, le prévenu a accepté d’engager des soins. Un lourd traitement médicamenteux. Un travail engagé avec une psychologue. Un long processus. « Je ne m’explique pas encore les choses ». Les effets seraient toutefois d’ores et déjà perceptibles. « Je suis certain de pouvoir ne pas recommencer. (…) Je me masturbe uniquement en pensant à des adultes ». Allez savoir… « Le risque de réitération est hautement probable comme l’indique un expert », martèlera madame le procureur Lagarde.

Décision ? Quatre ans de prison ferme, avec maintien en détention. A sa sortie de prison, le condamné, visé par une interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs, devra respecter les obligations fixées dans le cadre d’un suivi socio-judiciaire d’une durée de sept ans. Le moindre manquement serait sanctionné à hauteur de trois ans de prison ferme.

T. Bo.

Risque de résurgence

« Evoquer de simples fantasmes, c’est décaler le débat ! (…) Monsieur n’est pas là pour payer ses fantasmes, monsieur est poursuivi pour avoir participé activement à un trafic en téléchargeant des documents pédopornographiques, monsieur est poursuivi pour avoir agressé sexuellement deux mineures, ses nièces ». Madame le procureur Lagarde veilla à renvoyer le prévenu à sa pleine responsabilité. Si le message n’était pas encore passé, oui, mimer un acte sexuel, habillé ou dévêtu, avec une personne mineure constitue bel et bien une agression sexuelle.

Que sont-elles devenues, les victimes ? « Vanessa * n’affiche à ce jour aucun stigmate, aucune séquelle, mais que se passera-t-il à l’avenir, quand cette victime aura son premier rapport sexuel, quand elle sera enceinte, quand interviendra une éventuelle résurgence de souvenirs traumatiques ? » Les mots de l’avocate de la mère d’une des victimes renvoient à une situation régulièrement observée en matière de violences à caractère sexuel. Des souvenirs enfouis peuvent rejaillir à moyen terme, à long terme. Et quand ressurgissent de fichus souvenirs, dénoncer des années plus tard un père, un oncle, un cousin, c’est si compliqué.

Et le prévenu, ses fantasmes sont-ils enfouis ? Rejailliront-ils ? L’accusation a son avis sur la question. Au nom du prévenu, Me Lalloz fit état d’un élément, une réalité là encore régulièrement observée dans le cadre de dossiers relatifs à des violences sexuelles imposées à des mineurs. « Comme beaucoup, monsieur a longtemps eu honte de ses fantasmes, il a été suivi avant son interpellation mais il n’a jamais osé en parler à ses psychiatres, oui, il s’est longtemps tu, mais il a décidé de parler, il a totalement intégré qu’il a besoin de soins. (…) J’en ai connu un qui, comme lui, téléchargeait des documents pédopornographiques, cet homme de 50 ans n’arrivait pas parler de son attirance pour les mineurs, ça lui était impossible, il s’est suicidé ».

* Le prénom a été modifié.

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